"L'affaire Amazon", avec ses vigiles soupçonnés d'appartenir à des partis d'extrême droite, a fait grand bruit dans les médias d'outre-Rhin (voir aussi
notre actualité du 18 février). Mais pas assez selon Alexander Skipis, directeur général du Börsenverein, l'organisme interprofessionnel qui fédère éditeurs, distributeurs et libraires. Il reproche violemment aux éditeurs et aux politiques d'avoir fait entendre «
un silence assourdissant ».
Tout est parti d'un reportage diffusé le 13 février sur la chaîne de télévision allemande ARD, qui dénonçait les méthodes d'Amazon qui, pour la surveillance des employés saisonniers du centre de distribution, dont beaucoup d'immigrés, faisait appel à une société de surveillance soupçonnée d'employer des néo-nazis. Ceci parmi d'autres accusations portant notamment sur les salaires particulièrement bas des employés, entre autres entorses notables au droit du travail.
Lors d'une réunion des éditeurs de littérature générale, Alexander Skipis, a accusé les éditeurs qui, à l'exception de quelques petites maisons, se sont gardés de commenter l'affaire. Il leur a notamment reproché de se préoccuper davantage de «
leur nouvel ami Amazon », que des libraires, leurs partenaires naturels. «
Ce silence s'explique certainement par la puissance d'Amazon », dit-il en substance dans une lettre reprise par notre confrère
Buchreport. «
Mais c'est sans compter sur l'évolution prévisible de la situation qui va conduire à une position quasi-monopolistique d'Amazon, qui dictera alors ses conditions. Et ça se fera sur le dos des éditeurs et des lecteurs ».
Alexander Skipis rebondit aussi sur l'actualité et fustige le silence des politiques pour incriminer également l'implantation de la filiale Europe d'Amazon au Luxembourg, ce qui leur permet d'appliquer une TVA réduite de 3% sur les livres électroniques. «
Voilà des années que nous nous battons auprès des politiques pour obtenir une réduction de la TVA, mais là aussi, c'est le silence », martèle le patron du Börsenverein. «
Cette affaire a une dimension européenne, nous devons absolument obtenir une harmonisation des taux pratiqués ».