En attendant de connaître la constitution du nouveau gouvernement - et notamment l'identité du nouveau ministre de la Culture - les éditeurs proposent déjà une production particulièrement copieuse d'ouvrages qui, moins d'une semaine après l'événement, décortiquent et analysent l'élection présidentielle.

Au total, huit livres sont arrivés en librairie cette semaine et une demi-douzaine d'autres les rejoindront dans moins de quinze jours. Face à cette déferlante, Flammarion a même avancé à ce vendredi 11 mai la parution de celui de Franz-Olivier Giesbert, annoncé avec un tirage de 80 000 exemplaires.

Apparus en 2002, les "quick books" sont maintenant devenus un genre en eux-mêmes, et ils sont attendus après chaque événement majeur. Tout est prévu près d'un an à l'avance, les auteurs contactés, les imprimeries averties, les transporteurs réservés. Et ça va de plus en plus vite : De la Corrèze à l'Elysée, rédigé par deux journalistes de l'AFP, Christine Pouget et Corinne Delpuech, était en vente le 9 mai, soit précisément trois jours après le résultat de l'élection. Une performance qui lui vaut les honneurs de la télévision : en le prenant comme exemple, France 5 diffusera le 13 mai à 12 h 30 un reportage sur la fabrication des "quick books".

La présidentielle de 2012 a été plus loin encore que les précédentes dans l'orchestration des retombées éditoriales de l'événement. Yasmina Reza avait accompagné en écrivaine la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Mais cette fois, ils étaient trois à suivre François Hollande : un photographe, Stéphane Ruet, qui publiera au Cherche Midi dès le 21 juin un ouvrage de clichés inédits légendés par la compagne même du Président, Valérie Trierweiler ; un écrivain, Laurent Binet, prix Goncourt du premier roman 2010 pour HHhH, qui apportera chez Grasset le 22 août son Journal de campagne ; >et enfin un auteur de bandes dessinées, Mathieu Sapin, qui livrera sa vision de l'élection présidentielle le 22 mai chez Dargaud.

Livres de circonstance, parfois décriés pour leur obsolescence rapide une fois retombée l'émotion, les "quick books" ne sont pas forcément écrits à la va-vite et peuvent s'appuyer sur une enquête préalable sérieuse. En tout cas, le public apprécie ces coups de projecteur sur les coulisses de l'événement. En 2007, ces ouvrages avaient même contribué à redresser les ventes d'une année difficile en librairie.