Tout pour la musique. On sait depuis toujours que, dans la formation d'un individu, pour sa vie future, les années d'enfance puis d'adolescence, avec leurs joies, leurs traumas et leurs expériences plus ou moins hasardeuses, sont fondamentales. C'est ce thème qu'a choisi le journaliste Victor Dekyvère, chroniqueur dans C l'hebdo, pour son premier roman, intimiste, où la musique joue un rôle prépondérant.

Nous sommes à Roubaix, dans les années 1960. Elias Loizeau, le héros et narrateur, est un fils de prolos assez tôt orphelin, socialement complexé par rapport à ses meilleurs amis, Julien (dont on sent qu'il est amoureux de lui - en vain) et Benoît, rejetons de bourgeois propriétaires de maisons cossues. Et puis il y a Violaine, délurée, perverse, qui aime à se sentir au centre des attentions. Le premier amour d'Elias, le vrai, le seul de sa vie, au fond. Même si Violaine se donne à Benoît, la veille de son mariage avec Julien...

Pour sortir de son milieu, oublier Violaine - peine perdue -, Elias s'adonne avec passion à la musique. Il joue du piano, parvient à intégrer le conservatoire de Lille, puis rate celui de Paris. Mais son truc à lui, c'est la composition. Il porte en lui un morceau, Bleu bizarre, sur lequel il travaille et où il essaie de mettre toute son âme. Il lui faudra affronter bien des tempêtes, des amours ratées, des échecs, avant de voir, enfin, son talent reconnu, célébré, en 2026. Légère anticipation. Julien, lui, ne sera plus là. Il est mort en 2019. C'est ce qui a déclenché chez le narrateur le besoin de se confier. Un roman sensible, original, qui se lit d'une traite comme on écoute un concerto.