18 mai > nouvelles Etats-Unis > Arlene Heyman

Avec son carré blond cendré, ses lunettes noires et son phrasé dénué de tabous, Arlene Heyman devrait plaire à Woody Allen. Cette psychiatre et psychanalyste new-yorkaise exerce encore, à plus de 70 ans. Ses nouvelles surprenantes sont clairement le fruit de cette redoutable connaissance de l’âme. Ainsi l’auteure affirme que "la vie humaine défie les lignes de failles. En amour, tout est compliqué." De quoi nourrir des histoires n’épargnant aucune véracité.

A commencer par la complexité de la sexualité au sein d’un couple mûr. "Faire l’amour exigeait autant de préparation qu’une guerre à mener." Sarcastique, la femme décrit sa relation maritale de façon clinique. Or il ne faut pas "glorifier l’inaccessible tout en dénigrant ce qui se trouvait à sa portée". La jeune Lida vénère justement un artiste reconnu. L’amour les surprend, malgré leur différence d’âge, mais il les rend aussi vulnérables. Un lien puissant inspiré par l’union intime entre l’auteure et Bernard Malamud, à qui elle dédie cette nouvelle.

La plus inoubliable étant celle d’un couple rattrapé par le cancer, mais pas par la perte de désir. Leur vie s’écroule à l’heure où l’Amérique s’abîme, le 11 septembre 2001. D’autres univers s’effondrent. Celui d’un médecin surprenant son père en flagrant délit de tromperie ou celui d’une femme subissant la cruauté de sa mère grabataire.

Tous ces personnages sont mis à rude épreuve, dans la nudité de leurs sentiments les plus crus. En s’approchant de la vérité, quant au sexe ou à l’amour, ce livre dévoile le corps face aux fantasmes, à la maladie, la vieillesse ou la mort. Un miroir mirifique.

Kerenn Elkaïm

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