Dix ans plus tôt, Clovis, ex-gauchiste réglo mais pas très malin, reconverti dans une lutte armée qui tient plutôt du grand banditisme, a été trahi par l’un des siens. Sorti de prison, il veut se venger à tout prix, mais ses premiers jours de traque, de Grenoble à Strasbourg, puis à Mâcon sur les traces de son ex-camarade, vont montrer que s’il est plus que jamais porté vers l’action, sa décennie à l’ombre n’a pas tant profité à son ciboulot.

Par chance, mais il mettra du temps à s’en rendre compte, Clovis rencontre Cesaria, un travesti qui tombe d’emblée amoureux, malgré les réticences de celui-là. Cesaria va lui apporter bien plus qu’il ne le soupçonne. Cela lui suffira-t-il pour se sortir d’un imbroglio bien plus complexe qu’il ne le croyait ? Dans l’esprit de Nada de Jean-Patrick Manchette, ou de Canicule de Jean Vautin, tel était l’enjeu du roman noir de Marcus Malte, Carnage, constellation (Fleuve noir, 1998, repris en "Folio policier" en 2008). S’appuyant sur son découpage au cordeau, Pierre-Henry Gomont réussit, en l’adaptant, son plus bel album. Le dessinateur, né en 1978, déjà remarqué pour Rouge karma (Sarbacane, 2014), tire sa force de ses couleurs soigneusement associées. Des univers confinés aux grands espaces, il compose des ambiances qui séduisent immédiatement. Fabrice Piault