Grèves

Elles étaient déjà fragiles. Le blocage de certaines facultés n’a rien arrangé. Les librairies universitaires, dont le nombre a drastiquement chuté en vingt ans, pâtissent de la mobilisation étudiante contre la loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants (ORE). Adoptée par le Parlement le 15 février, cette loi modifie les conditions d’accès à l’université et est accusée de mettre en place une "sélection déguisée".

A la Sorbonne Nouvelle Paris-3, quatre semaines de grève ont suffi à mettre en péril l’économie de la librairie Palimpseste (Paris 5e). Celle-ci était déjà fragilisée par l’application, en novembre 2016, du plan Vigipirate renforcé qui a entraîné une baisse de 20% de sa fréquentation. Après un mois avec "zéro activité" en raison du blocus, la librairie se retrouve désormais dans une situation "très périlleuse", confie son propriétaire, Thierry Saillot. Il vient de lancer une campagne de financement participatif sur Ulule dans l’espoir de réunir 20 000 euros. Une "campagne de la dernière chance" pour donner un sursis à Palimpseste qui, dans un an, fera face à de nouvelles difficultés à cause du déménagement de la fac.

A Toulouse, la librairie Etudes Mirail est aussi en grande difficulté. L’université Toulouse-Jean Jaurès a été "l’une des premières à démarrer la mobilisation", rapelle Sylvie Tiné, gérante de la librairie. Dès décembre, la bibliothèque centrale a fermé ses portes, faisant perdre à la librairie son principal marché public. Les grèves étudiantes ont débuté le mois suivant et l’université a été totalement bloquée du 6 mars au 9 mai. Ce blocus a assené le "coup de grâce" à la librairie.

Grâce à une aide du Centre national du livre (CNL) et à un prêt contracté auprès de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (Ifcic), la librairie a pu "éponger un peu de ses dettes". Mais pas suffisamment. Sylvie Tiné a retourné 30% de son fonds, lancé une campagne de bons d’achats et engagé une "cagnotte solidaire" sur Leetchi. Ces solutions lui ont permis de "payer trois quarts de [ses] fournisseurs".

Après l’évacuation de l’université par les forces de l’ordre dans la nuit du 8 au 9 mai, Sylvie Tiné se dit "soulagée". Elle espère pouvoir redémarrer son activité dès la fin du mois de mai. Pour autant, son combat n’est "pas fini". Le déblocage de l’université n’est qu’un "verrou qui a sauté. Il y en a encore d’autres à forcer" avant un retour à la normale.

Cécilia Lacour

11.05 2018

Les dernières
actualités