On ne présente plus Tomi Ungerer. Sa collection de casquettes en tout genre d’auteur-illustrateur, affichiste, inventeur d’objets…, s’étoffe encore avec ce dernier opus. Une compilation de chroniques parues dans Philosophie magazine où il commente et illustre cent questions d’enfant qui relèvent autant de la docte philosophie que de la pure poésie. "Est-ce que c’est intéressant de mourir ?" "C’est quoi, le temps ?" "Qu’est-ce qu’on gagne quand on a gagné la guerre ?" "Pourquoi les adolescents se croient-ils plus grands que les autres ?" "Est-ce que l’arc-en-ciel sert à faire monter les oiseaux vers les nuages ?" "Pourquoi est-ce qu’on ne mange pas la viande des gens qui sont morts ?" La question peut laisser perplexe, mais l’auteur des Trois brigands ne donne jamais sa langue au chat. Pour lui, les enfants méritent la vérité. Et il la leur donne, avec ses mots à lui, son expérience, notamment d’enfant alsacien sous le régime nazi. Toute situation, si épineuse soit-elle, a une porte de sortie honorable qui a souvent pour nom: liberté de penser, respect, partage et surtout humour, voire humour absurde. "Je ne raisonne pas que pour être raisonnable. Si un mystère se révèle inexplicable, eh bien, qu’il nourrisse notre imagination et abreuve nos rêves !" écrit-il en préambule. De fait, une place de choix est laissée à l’imaginaire. A la question de Marco, 5 ans, "Pourquoi j’existe toujours ?", il répond qu’"on existe moins dans le sommeil. C’est pourquoi le fainéant existe peu." Question bonne poilade, ses illustrations ne sont pas en rade. A la page "Est-ce que le monde pourrait fonctionner sans argent ?", un cochonnet rose et gras à souhait étalé sur un sofa a la réponse: au milieu de son ventre on lui voit sa grosse fente de tirelire! Fabienne Jacob