4 novembre > Roman Etats-Unis > Ernest J. Gaines

Toni Morrison dit s’être mise à écrire parce qu’elle ne se reconnaissait pas dans les romans des autres. Son compatriote Ernest J. Gaines a fait le même constat. Né en 1933, il grandit en Louisiane. Qui aurait pu deviner que le petit ramasseur de pommes de terre deviendrait un auteur respecté ? Ses nouvelles et ses romans, à commencer par son Autobiographie de Miss Jane Pittman, retracent des destins d’Afro-Américains. Des voix nuancées, profondément ancrées dans la réalité, qui ont même inspiré Obama.

"C’est le Sud ici", clame l’un des personnages de L’homme qui fouettait les enfants. Le Sud, où l’égalité entre Noirs et Blancs n’existe pas. Le Sud, où les identités sont façonnées par des esprits cloisonnés. Dans le roman, cette tension est exacerbée par un drame qui s’est noué au tribunal. Un homme vient d’y abattre l’accusé : son propre fils. Comment en est-il venu à commettre ce crime ? L’assemblée médusée compte un journaliste, chargé de mener l’enquête sur Brady Sims. Ce "sacré bonhomme, ils l’aimaient, le respectaient, le craignaient ; Blancs et Noirs pareillement".

Il suffit de quelques traits pour que Gaines dresse le portrait de cet être autoritaire. Mais à travers lui, il croque aussi les habitants d’un village plein de vie. Sa langue, trempée dans l’oralité, transforme un salon de coiffure en QG. On y saisit les commérages ou le visage d’une Amérique en crise, où les hommes sont remplacés par des machines. "Il y a des gens qui n’ont pas les mêmes chances que toi ; n’oublie jamais ça", susurrent- ils, entre rire et cruauté. K. E.

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