Née en Belgique, aujourd’hui installée en France, à Orléans, Flore Balthazar, 37 ans, s’est fait connaître avec Miss Annie, les aventures de la chatte éponyme, scénarisées par Frank Le Gall (Dupuis, 2010 et 2013), avant de signer avec Jean-Luc Cornette une biographie de Frida Kahlo (Delcourt, 2015). Les louves, réalisé à partir de l’expérience de sa famille pendant l’occupation allemande de la Belgique (1941-1944), retracée en fin d’album dans un cahier enrichi de photographies, est son œuvre la plus personnelle.
Il ne s’agit pas tant pour elle de raconter la Seconde Guerre mondiale, dont les échos se font périodiquement entendre à la radio, par le téléphone arabe ou dans les journaux clandestins, que de mettre en scène, au plus près du vécu de chacun des membres de la famille Balthazar (les parents et cinq enfants : Marcelle, Jacques, Yvette, René et André) et de certains de leurs proches ou voisins, le quotidien d’hommes et de femmes ordinaires sous l’Occupation. Un quotidien tristement banal : la mobilisation puis la déportation du père, les contraintes et les humiliations de l’Occupation, les restrictions croissantes, auxquelles les femmes doivent faire face pour organiser la survie. Mais aussi un quotidien de plus en plus percuté par la dégradation des conditions économiques et l’émergence de la résistance, plus ou moins active.
Dans un style très influencé par la ligne claire pour les personnages, tandis que ses décors prennent des dimensions fantasmatiques, Flore Balthazar livre de beaux portraits de personnes sensibles plongées dans un très long hiver.
Fabrice Piault