Alternance oblige, cette fois-ci les héros gaulois vont faire un long périple, loin du village pour cette 39e aventure, éditée chez Albert-René. La destination et le titre de l'album seront révélés au cours du printemps. Seule une des 44 planches est dévoilée aujourd'hui en exclusivité pour Livres Hebdo, le JDD et RTL. Dans un assoupissement, lors d'une partie d'échecs gaulois, le druide Panoramix est appelé à l'aide par un vieil ami... et se met aussitôt en route, avec Astérix et Obélix, et un peu de potion magique, pour un pays lointain.
"C'est le dernier album qu'Albert Uderzo a validé", explique à Livres Hebdo Isabelle Magnac, directrice générale d'Hachette illustré. De son côté, Céleste Surugue, directeur général des éditions Albert René, nous affirme que "le plus bel hommage à Uderzo, c'est de raconter la plus belle histoire, sans Albert, mais avec tout ce qu'il a transmis". Ce nouvel album sera "un rayon de soleil en 2021" selon lui. "C'est une histoire originale", ajoute la directrice d'Hachette qui confie: "Nos auteurs prennents de plus en plus de plaisir. Ils se sont appropriés l'univers et c'est un Astérix très réussi."
Indémodable depuis plus de 60 ans, Astérix est une "valeur refuge", dont les ventes du dernier album (La fille de Vercingétorix, 2019) et celles du fonds (près de 700000 exemplaires vendus cette année) ont profité du confinement. "La force d'Astérix c'est une idée, un projet, mais ça n'est pas une stratégie particulière", explique Isabelle Magnac. Céleste Surugue abonde: "ça assècherait la série si on la formatait".
Pour continuer de conquérir de nouveaux lecteurs, tout en ne sacrifiant pas l'aspect patrimonial, Isabelle Magnac et Céleste Surugue se reposent sur les talents: "ce sont eux qui apportent les nouvelles idées", confirment-ils. "Le lecteur lit une œuvre de création originale", rappelle la directrice d'Hachette illustré. Ce qui signifie qu'il faut "laisser un espace de création aux auteurs", précise Céleste Surugue, "quelque soit le support".
Le rôle d'Hachette et d'Albert-René est de mettre à leur service "un système industriel et marketing", poursuit Isabelle Magnac. Un système digne d'une sortie de blockbuster hollywoodien, avec ses étapes régulières: annonce de l'album sous forme de teasing, révélations essaimées au fil du printemps, fabrication en secret, press-junket avec les auteurs, sortie avant la Toussaint... Et à chaque parution, l'album devient la meilleure vente de livre annuelle, tous genres et formats confondus. A l'international, où l'album sort souvent simultanément à la publication française, "on a une vraie ambition d'être aussi proche possible du marché, de la même manière qu'en France", développe Isabelle Magnac qui souligne qu'Astérix se vend aussi bien en Australie, en Amérique latine, dans l'Europe de l'Est que dans les "gros" marchés européens...
Une série animée "armoricaine"
A ce calendrier millimétré, s'ajoutent d'autres événements qui permettent au résistant gaulois d'être toujours dans l'actualité. En septembre 2021, sur Okoo, la chaîne jeunesse de France Télévisions, le chien d'Obélix, Idéfix, sera la vedette d'une série animée en 3D. Après dix longs métrages d'animation et quatre films en prises de vues réelles (le cinquième est en cours de préparation par Guillaume Canet, qui a reporté le tournage en Chine d'un an à cause de la crise sanitaire), l'univers d'Astérix fait ses premiers pas dans la série: Idéfix et les irréductibles est composé de 52 épisodes de douze minutes, et met en scène chiens, chats et oiseaux résistants, nommés Turbine, Baratine, Asmatix ou encore Padgachix. "Ce sera la vie d'Idéfix à Lutèce, avant qu'il ne suive Obélix [dans Le tour de Gaule (9e planche du 5e album), ndlr], alors que la ville est occupée par les Romains depuis deux ans", explique Céleste Surugue. Il aura fallu cinq ans de développement. Albert Uderzo et Anne Goscinny ont suivi chacune des étapes. "On voulait être sûrs que la série soit de grande qualité" et que "ça respecte l'ADN d'Astérix", précise-t-il.
Pour cette série, Hachette a constitué une filiale audiovisuelle, Studio 58. En coproduction avec GMT Productions (groupe Mediawan), avec les studios o2o pour l’animation 3D, elle peut s'enorgueillir d'être armoricaine, puisqu'elle a été réalisée par Charles Vaucelle (Oggy et les cafards, Paf le Chien) à Saint-Malo. Ecrite par Matthieu Choquet (LastMan), elle est racontée par Stéphane Bern.
"Céleste a été aux commandes du projet, signale Isabelle Magnac. Ça faisait très longtemps qu'on voulait faire quelque chose autour d'Idéfix, personnage le plus à même d'attirer les enfants".
Sera-t-elle un jour déclinée en bande dessinée, à l'instar de Ran Tan Plan? "Rien n'est à exclure" pour Céleste Surugue. Mais la série "Idéfix est amenée à voyager..." Une filiale du groupe Mediawan est chargée de la distribution.
Une exposition "transfrontalière"
Le voyage est encore au cœur de cette année Astérix à travers un autre événement: une grande exposition du 3 avril au 28 novembre au Château de Malbrouck (XVe siècle) en Moselle, au coeur du Pays des Trois Frontières, à proximité de la Belgique, du Luxembourg et de l'Allemagne.
"Astérix l'Européen" présentera les voyages du Gaulois chez les Goths, les Pictes, les Belges, les Helvètes ou encore en Hispanie, en Grèce, en Italie et chez les Bretons. Autant de récits et de rencontres qui lui ont fait parcourir l'Empire Romain. Astérix est né deux ans après la création de la CEE (qui deviendra Union européenne), en plus de devenir rapidement un succès européen (il se vend quasiment autant d'albums en Allemagne qu'en France). L'exposition sera l'occasion de mettre en perspective son rapport aux autres et aux européens, parallèlement à l'évolution de l'Europe.
De quoi apporter "un peu de rire et de légèreté", comme l'invoque Isabelle Magnac, pour l'année qui s'annonce.