Ils sont tout juste trente fondateurs et trois organisations, mais ils ambitionnent d'être bien plus nombreux dans cette Ligue des auteurs professionnels présentée le 6 septembre : «Nous invitons les autres associations à nous rejoindre pour préparer le statut de l'auteur de demain, unir nos voix et proposer des solutions », déclare Samantha Bailly, la présidente de cette nouvelle entité (également présidente de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse), où s'impliquent plusieurs écrivains et dessinateurs reconnus.
Joann Sfar et Tatiana de Rosnay sont présidents d'honneur, Denis Bajram et Marie-Aude Murail sont vice-présidents, Benoît Peeters est secrétaire général, Nicolas Digard est trésorier. Outre la Charte, les Etats généraux de la BD et le SNAC BD ont également rejoint la Ligue, qui va accueillir la Guilde des scénaristes, « avec lesquels nous avons beaucoup de points communs », insiste Samantha Bailly. Le Conseil permanent des écrivains (CPE) fédère déjà 17 organisations, mais « travaille sur des missions de fond, et n'a jamais abordé la question du métier », constate-t-elle, pour expliquer cette initiative parallèle.
« Il nous paraît essentiel de constituer un corps professionnel, et la définition de notre métier est au cœur des contradictions qui nous sont renvoyées », ajoute-t-elle. D'abord un droit de propriété, le droit d'auteur rémunère aussi un travail, et fait l'objet de prélèvements sociaux, tout comme un salaire, alors que le statut de l'auteur est incertain, entre travailleur indépendant et salarié. Les prochaines semaines seront donc consacrées à cette synthèse et analyse, pour contribuer activement au travail de la mission prospective sur le statut de l'auteur promise par la ministre de la Culture. « Elle n'est toujours pas lancée, mais je n'imagine pas qu'elle soit enterrée, ça ne passerait pas », prévient la présidente de la Ligue.
Les auteurs ont déjà démontré leur puissance sur les réseaux sociaux, maintenant décuplée avec le relais des plus médiatiques d'entre eux, dont la notoriété donne une dimension grand public à un débat d'abord très technique. Au-delà, c'est aussi la question de la relation avec les éditeurs qui émergera de l'action engagée par la Ligue. « A Angoulême, une grande tablée d'auteurs de best-sellers se demandaient comment se passer d'éditeurs. Les verrous ont sauté : les coûts de fabrication ont baissé avec l'impression numérique, les sites de vente permettent une diffusion directe, les réseaux sociaux remplacent les médias », prévient Denis Bajram.