Ancien footballeur, retraité depuis 2007, Vikash Dhorasoo, même s'il confie, et assume, avoir gagné assez d'argent ballon au pied pour assurer son avenir et celui des siens, n'a jamais oublié ses origines. Il est né en 1973 à Caucriauville, un quartier du Havre, dans une famille modeste venue de l'île Maurice, des descendants de coolies, indiens recrutés au XIX^e siècle par les Anglais et emmenés dans l'ancienne Ile de France afin de remplacer, dans les plantations des colons, français ou britanniques, les esclaves noirs affranchis. « Aujourd'hui encore, écrit Dhorasoo, je suis très imprégné par la culture indo-mauricienne », qu'il a transmise à ses filles. Il se définit aussi comme un « mille-feuille », qui s'est fait tout seul sa culture, littéraire et politique.

Après s'être raconté dans Comme ses pieds (Seuil, 2017), un livre souvenirs original et chaleureux, où il retraçait son parcours, ses heures de gloire et ses galères, ses souffrances, et confiait avoir été souvent confronté au racisme, à l'injustice, Vikash revient avec un petit livre citoyen, gentiment scénarisé : un après-midi de l'automne 2019, il est censé, de façon informelle et cool, expliquer de vive voix à sa fille aînée et à « ses potes du quartier » du XVIII^e arrondissement où vivent aujourd'hui les Dhorasoo, « bobos de gauche », son engagement politique, à gauche toute. Notre ami se présente en effet aux prochaines élections municipales dans son arrondissement, sur la liste « Décidons Paris », soutenue notamment par La France Insoumise. La politique, la gauche - mais la vraie, pas celle de François Hollande et des socialistes, qu'il accuse d'avoir trahi ses valeurs -, et Paris, sa ville d'adoption, sont pour lui des évidences. Et une occasion de faire entendre ses idées : pour des raisons à la fois écologiques et économiques, il s'oppose à la tenue des JO 2024 dans la capitale, au passage à la 5G, et invite à consommer moins, notamment de téléphones portables et d'écrans divers. Son objectif : battre la maire sortante, et changer la vie à Paris. Tous les candidats affichent plus ou moins le même programme. La différence, c'est que Dhorasoo n'a pas de perspective carriériste, et qu'il reste un homme libre, « un Ovni », comme sur les terrains de foot. Pour parler aux jeunes, son livre s'achève sur Le monde de demain, de NTM : « Y'en a marre des promesses/On va tout foutre en l'air. »