Roman/Etats-Unis 9 octobre Percival Everett

Le bleu, symbole de sérénité, voire de vérité, ne pouvait qu'inspirer un homme en quête de lui-même. « Personne ne détestait le bleu. Couleur de la confiance, de la loyauté. Le bleu n'était pas mien », avoue d'emblée Kevin. « Un tableau comporte de nombreuses surfaces. » Il en va de même d'une vie. Celle du héros nous est narrée à travers trois périodes clés : son passé à Salvador (1979), son séjour parisien et son présent américain.

Cette construction habile relie les fils de son histoire. « J'avais toutes les raisons d'être heureux, mais je ne l'étais pas. Mon œuvre était un sanctuaire, une cachette. » Féru de secrets, Kevin peut y placer ses états d'âme, mais il est désarmé quand sa fille Avril lui avoue le sien. « Je me considérais comme un raté accompli. » Plutôt que de la conseiller, il se réfugie dans l'alcool et les souvenirs.

Une époque violente le hante encore, celle où, jeune garçon idéaliste, il s'est heurté à la cruauté des hommes. Il n'en est pas sorti indemne, tout en retant incapable de partager ses sentiments.

Idem il y a dix ans. Quand une galerie lui propose une expo à Paris, le père de famille y rencontre Victoria. Cette passion brûlante va demeurer en lui. « Un secret n'existe que si sa révélation, sa découverte, voire sa trahison est possible. »

Toute vérité doit-elle être révélée ? Torturé, Kevin se demande s'il n'est pas passé à côté de l'amour, du bonheur ou de sa vie, tout simplement. En la revisitant, il ne pourra que devenir pleinement lui-même.

Le polyvalent Percival Everett est peintre. Cela se ressent dans sa description très imagée de ce parcours intérieur. Ou comment se réconcilier avec ses vies manquées.

Percival Everett
Tout ce bleu - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne-Laure Tissut
Actes Sud
Tirage: 3 500 ex.
Prix: 22,50 euros ; 336 p.
ISBN: 9782330128241

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