Chicago

Un éditeur cubain pour la première fois à BookExpo America

Rogelio Riveron, directeur éditorial de Letras Cubanas (La Havane), le 11 mai 2016 sur le stand de la Camara Cubana del libro à BookExpo America, à Chicago. - Photo F.PIAULT/LH

Un éditeur cubain pour la première fois à BookExpo America

Rogelio Riveron, directeur éditorial de Letras Cubanas, inaugure un stand de la Camara Cubana del libro à la manifestation professionnelle américaine qui se tient du 11 au 13 mai à Chicago, où un distributeur indépendant cherche à contourner le blocus persistant des Etats-Unis pour importer des titres cubains.

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Par Fabrice Piault, Chicago
Créé le 13.05.2016 à 05h05 ,
Mis à jour le 13.05.2016 à 10h09

Directeur éditorial de Letras Cubanas, Rogelio Riveron, également écrivain, poète, journaliste et critique, inaugure, du 11 au 13 mai à BookExpo America (BEA), à Chicago, le premier stand de son pays dans la grande manifestation professionnelle américaine du livre. Sur quelques mètres carrés, la Camara Cubana del libro (Chambre cubaine du livre) présente 65 titres publiés par les éditeurs, tous dépendants de structures étatiques ou para-étatiques, de l'île qui subit depuis un demi-siècle un blocus économique et commercial total de la part des Etats-Unis.

D'après Rogelio Riveron, seul éditeur cubain physiquement présent à BEA, Cuba compte 140 éditeurs produisant quelque 500 nouveautés par an. 25 sont membres de la Camara Cubana del libro dont six – Letras cubanas, Sciencias Sociales, Jose Marti, Jenta Nueva (jeunesse), Arte y literatura et Oriente – sont basés à La Havane et une petites vingtaine dans les provinces. Les autres maisons d'édition dépendent de ministères, d'établissements publics ou d'associations (femmes cubaines, avocats, etc.).

40 Américains à Cuba

La présence de Cuba à BookExpo America fait suite à la visite à La Havane d'une délégation d'éditeurs américains, organisée pour la première fois en février dernier à l'occasion de la 25e foire du livre annuelle dans la capitale cubaine. A l'initiative de notre confrère Publishers Weekly, quelque 40 cadres de l'édition américaine ont participé à la mission de quatre jours qui a donné lieu à la signature d'un protocole d'entente par Zuleica Romay Guerra, présidente de la Camara Cubana del libro, et Cevin Bryerman, directeur de la publication de Publishers Weekly. Le texte prévoit que les éditeurs américains et cubains s'engagent ensemble à "la coopération et la compréhension" entre leurs industries du livre respectives afin de favoriser les échanges littéraires et de faciliter l'implantation des éditeurs américains à Cuba et des éditeurs cubains aux Etats-Unis, notamment sur le très important marché du livre en langue espagnole.

Ces premiers contacts sont une conséquence directe du dégel des relations politiques entre les Etats-Unis et Cuba, initié fin 2014 par Barack Obama et Raul Castro. Toutefois, rappelle Rogelio Riveron, qui ne s'attend pas à faire beaucoup d'affaires cette année à BookExpo America, "le blocus est encore en vigueur, et il ne permet pas la vente de livres cubains aux Etats-Unis". Le directeur éditorial de Letras cubanas espère que la visite, prévue fin mai à New York, de Zuleica Romay Guerra, permettra de "faire avancer les choses".

Contourner le blocus

En attendant, l'Independent Publishers Group (IPG), dont le directeur général, Joe Matthews, et la directrice de la distribution de livres en espagnol, Diana Calice, ont participé en février au voyage de La Havane, s'apprête à assurer la distribution en numérique et en impression à la demande d'une partie de la production de trois éditeurs cubains. La société basée à Chicago et spécialisée dans la distribution de petits éditeurs, dont une quarantaine d'Espagnols, trois Argentins et trois Mexicains, a trouvé le moyen de contourner le blocus en contractant non pas directement avec les éditeurs cubains, mais avec un intermédiaire péruvien.

“Je vais choisir des titres cubains que j'intègrerai dans notre catalogue du printemps 2017", annonce Diana Calice, qui souligne qu'IPG est le premier distributeur américain à démarrer une telle activité. "le taux d'illettrisme est très faible à Cuba, où Castro souhaitait que tout le monde sache lire, poursuit-elle. Sur le plan éditorial, il y a beaucoup de choses très intéressantes".

Alors qu'une nouvelle expédition d'éditeurs américains est prévue pour la prochaine foire du livre de La Havane, en février 2017, Joe Matthews et Diana Calice ont déjà prévu d'en être. "Ce que j'espère, dit cette dernière, c'est que les restrictions au commerce avec Cuba soient rapidement levées et que je puisse entrer en contact et négocier directement avec les éditeurs cubains".

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