5 octobre > nouvelles Etats-Unis > Truman Capote

En musique comme en littérature, on ne compte plus les sorties d’œuvres posthumes. Le marketing y tient sa part. Mais il arrive aussi de petits miracles. Dans le cas de Truman Capote, ce n’est pas un grenier, mais la New York Public Library qui a parlé. Des cartons, renfermant les archives de l’auteur, y étaient "grossièrement classés". Ils contenaient un trésor, des nouvelles écrites quand il avait entre 15 et 19 ans.

On redoutait de se frotter à la plume d’un écolier, or ces textes manifestent une incroyable maturité narrative et stylistique. La vocation de l’écrivain s’impose dès son plus jeune âge, puisqu’il passait des heures entières derrière sa machine à écrire. Repéré par son institutrice, l’autodidacte est encouragé à poursuivre sa voie. D’autant qu’elle lui sert d’échappatoire à une enfance marquée par l’indifférence et l’abandon parental. Des meurtrissures qui transpercent son écriture et sa vie, qui donnent une teinte sombre à ses personnages solitaires.

Aigrie, une vendeuse de bonbons tente de sauver une petite fille de la morsure d’un serpent. Un poison tout aussi lent s’insinue dans le cœur des communautés isolées du sud des Etats-Unis, dont l’auteur en herbe est originaire. Il ne fait pas bon y être noir, métissé ou "quarteronne". "L’Amérique n’est-elle pas une démocratie ?" A priori si, mais pas pour tout le monde.

La violence gronde dans ces histoires qui nous confrontent à la lâcheté, au désespoir ou à la mort. Des thèmes décrits d’une patte concise et incisive, qu’on retrouve dans son futur chef-d’œuvre, De sang-froid. Capote est capable de croquer la complexité de l’amour ou de la cruauté en seulement quelques lignes. Il n’y a visiblement pas d’âge, chez ce conteur pictural, pour connaître l’ampleur des sentiments.

Ses nouvelles sont par moments inégales, mais elles constituent un régal, comme celle sur la vieille "Mademoiselle Belle", entourée de cognassiers du Japon. Tant la préface que la postface pointent un sens aigu de l’observation et une aptitude "à saisir toutes les subtilités de l’âme humaine. Ces nouvelles nous montrent le génie qui précède le plein épanouissement." Kerenn Elkaïm

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