Répondant à l’irrépressible besoin d’être publié qui consume les auteurs en souffrance d’éditeurs, l’autoédition sur Internet les a au moins libérés de l’emprise des officines d’édition à compte d’auteur. Mais aussi simple d’accès soit-elle, la technologie ne remplace pas tous les services et prestations nécessaires à la production d’un livre. D’où l’apparition d’entreprises spécialisées assurant les fonctions de l’éditeur, sauf pour le choix des textes.
La fabrication d’un livre papier est le premier service proposé par nombre d’entre elles. Books on Demand (BOD), filiale du distributeur allemand Libri implanté à Hambourg, a mis en place une organisation comparable à celle des groupes pour vendre en librairie du livre imprimé à la demande. En France, BOD travaille avec la Sodis (groupe Madrigall). "Nos délais de livraison sont maintenant de 2 à 4 jours. Nous avons 5 000 auteurs français qui ont publié environ 10 000 livres. La librairie indépendante assure désormais la moitié des ventes dans le circuit commercial", explique Gerd Robertz, directeur général.
L’impression numérique a simplifié l’accès à la fabrication, qui n’est plus un obstacle pour nombre d’auteurs. Les imprimeurs se sont adaptés à ces clients non professionnels. "Les auteurs représentent maintenant 30 % de mon chiffre d’affaires", calcule Pierre Picard, P-DG de Copy-Média, installé en Gironde. Il est organisé pour imprimer de quelques dizaines à 200 ou 300 exemplaires, que les auteurs vendent en direct sur Internet ou dans de multiples petits salons. Jouve, CPI, parmi d’autres, ont aussi ouvert leurs presses numériques aux auteurs.
Des sociétés de services d’édition se sont intercalées entre les auteurs et les imprimeurs en proposant des outils d’autoédition numérique et papier, tel Lulu.com, qui se charge aussi de la diffusion dans les grandes librairies internet. Edilivre et Publibook, filiales de la holding AParis, vendent un service similaire, en partenariat avec l’imprimeur Sobook. Ce groupe fait un effort de marketing en proposant des marques et des collections à ses auteurs, qu’il soutient dans la promotion sur des salons. Bookelis travaille avec Jouve pour la fabrication et avec Hachette pour la distribution en librairies. Publishroom fait appel à Dupliprint pour la fabrication, à Daudin pour la distribution papier, à Immatériel pour la distribution numérique. Librinova, créé par d’anciennes éditrices, propose une publication et une diffusion numériques, avec une évolution vers le papier pour les meilleures ventes, et un accompagnement d’agent littéraire : trois titres ont été publiés, deux sont à paraître chez des éditeurs.
Tâches chronophages
Iggybook, qui veut libérer les auteurs des mêmes soucis de distribution avec l’aide d’Eden pour le numérique, d’Hachette et de sa filiale Lightning Source pour la distribution et l’impression des livres imprimés en librairies, met l’accent sur la promotion et la visibilité sur Internet. Laurent Bettoni, auteur et éditeur, lance quant à lui le label Les Indés, qui veut soulager les auteurs des tâches chronophages en distribution-diffusion numérique et papier, en travaillant avec Amazon, Bookelis et Hachette.
Ce marché suscite aussi des publications de livres pratiques. Le dernier en date est sorti chez Eyrolles pour la version papier : Publier son livre à l’ère numérique : autoédition, maisons d’édition, solutions hybrides. Les auteures, Marie-Laure Cahier et Elizabeth Sutton, ont gardé leurs droits pour la version numérique.