Thriller, pochade ou comédie fantastique ? Un peu des trois sans doute. En adaptant Lonely Betty, un polar "américain", lui-même parodique, de l’écrivain suisse Joseph Incardona (Finitude, 2010), Christophe Merlin joue avec les codes du roman et du film noirs. L’auteur de nombreux albums jeunesse et d’une poignée de bandes dessinées pour adultes, dont le marquant La goule (avec Agathe de la Boulaye, Casterman, 2005), livre un genre de "polar spaghetti", aussi sombre que ses couleurs sont fraîches, clin d’œil à James Ellroy et à un autre géant américain du thriller dont on ne peut dévoiler le nom sous peine de déflorer l’action.
Celle-ci se situe dans un bourg perdu du Maine, au nord-est des Etats-Unis, à la veille de Noël. Alors que l’on célèbre, dans sa maison de retraite, son 100e anniversaire, l’ancienne institutrice Betty Holmes requiert séance tenante la présence d’un vieux flic à la retraite, John Markham, qui lui avait par ailleurs vainement fait la cour du temps de leur jeunesse. Elle a des révélations à lui faire, soixante ans après, sur la disparition des trois frères Harrys, trois de ses élèves d’alors, sur laquelle il avait enquêté sans succès, et sur un autre élève devenu célèbre, lui.
Avec un enthousiasme modéré, d’autant que la neige tombe dru à cette période de l’année, Markham va remettre l’ouvrage sur le métier, mais les apparences sont trompeuses. La piste, jalonnée par une jolie brochette de personnages archétypiques et plutôt sympathiques, qu’il aura à suivre n’est pas vraiment celle à laquelle il aurait pu s’attendre. Fabrice Piault