Un album sur la perte, quand c'est la grande Beatrice Alemagna qui le signe, peut vite se transformer en « qui perd gagne ». L'auteure-illustratrice italienne met tant de grâce et de sensibilité dans son dessin et tant d'ingéniosité dans le dispositif de feuilletage des pages que la douleur de la disparition... disparaît un peu elle aussi. A chaque page en effet, on soulève un papier-calque et une transformation s'opère sur la page opposée pour mettre en évidence les choses qui partent, se perdent ou changent. La chose en question peut être matérielle, une bulle de savon, une feuille d'automne, ou alors immatérielle comme une idée noire. Elle peut faire mal comme un chagrin ou un bobo au genou ou alors être totalement indolore, comme une dent de lait qui tombe. Certaines disparitions sont même souhaitables, comme celle des poux ! Ou celle des larmes qui finissent toujours par sécher. Même les peurs nocturnes qui ont dévasté notre nuit finissent par s'estomper au matin. Si la plupart des pertes répertoriées ici sont légères comme les notes de musique qui s'envolent du piano, d'autres font des bleus à l'âme comme ces idées noires qu'un homme, - un artisan ? un artiste ? - extorque à une poupée.
Mais l'album ne laisse pas le petit lecteur dériver dans la nostalgie des paradis perdus. Tout se perd, passe, casse, lasse, change, s'évanouit, certes, « mais une seule chose ne s'en va pas et ne s'en ira jamais ». Facile à deviner, c'est l'amour d'un parent ! Et le livre se clôt sur les bras d'une mère qui se referment sur l'enfant.
Les choses qui s'en vont
Hélium
Tirage: 45 000 ex.
Prix: 15.90 € : 70 p. en coul.
ISBN: 9782330124465