Avec 77 premiers -romans à paraître en janvier et février, contre 64 les mêmes mois de 2018, les éditeurs prolongent le mouvement de renouvellement initié à la rentrée d'automne. Grasset ne propose que trois primo-romanciers (Philippe Joanny, Philippe Beyvin et Jérôme Bastianelli), contre cinq en début d'année 2018 et Flammarion publiera uniquement Le matin est un tigre de Constance Joly, contre trois débutants en janvier 2017. Mais la plupart des éditeurs ont prévu plus de premiers romans. -Albin Michel se révèle le plus auda-cieux avec six nouveaux venus - soit la moitié de son programme du -début 2019. Entre petits nouveaux et écrivains aguerris au format court, le programme hivernal de l'éditeur rassemble entre autres Maëlle Lefevre (Jiazoku), 19 ans et benjamine de cette rentrée, Leïla Bahsaïn (Le ciel sous nos pas) et Baptiste Gourden (Remington), déjà primés pour leurs nouvelles. Marc Roger, lecteur public connu des libraires et biblio-thécaires, signe Grégoire et le vieux libraire au tirage ambitieux estimé entre 8 000 et 10 000 exemplaires.

Gallimard aligne cinq premiers romans -répartis entre la collection « Blanche » (Court vêtue de Marie Gauthier, Une longue nuit mexicaine d' Isabelle Mayault, Qui vive de Colin Lemoine et Suiza par Bénédicte Belpois) et « L'infini » (Scène de la vie conjugale de Philippe Limon). Quatre primo-romanciers sont -publiés chez Plon alors que la maison n'en comptait aucun en début d'année. L'éditeur table sur des noms à même d'attirer l'attention avec l'évocation de ses parents par le politologue Olivier Duhamel (Colette et Jacques), les interrogations de femmes d'une même famille et de celles d'un groupe d'amies par les journalistes Elsa Boublil (Le temps d'apprendre à vivre) et Sarah Koskievic (La meute), ou encore le destin fantasque d'un marin breton du XVIIIe siècle par le grand reporter Jean-Marie Quéméner (La république des pirates). Stock adopte une stratégie similaire en éditant le texte d'Alain-Fabien -Delon, De la race des seigneurs, récit des tourments d'un jeune homme « fils de », et Les petits garçons, histoire d'une amitié d'enfance signée par Théodore Bourdeau, journaliste et producteur éditorial de l'émission Quotidien. Calmann-Lévy publie Battements de cœur, premier roman de Cécile Pivot, fille de Bernard, et le prometteur San Perdido où David Zukerman conte la légende d'un orphelin noir aux yeux bleus, devenu justicier d'une petite ville côtière du Panama. Robert Laffont -publie la fiction politique, Fake news, écrite à quatre mains par Michèle Cotta et Robert Namias.

Variété des thèmes

Au total, vingt-quatre éditeurs ne programment que des premiers romans pour leur rentrée d'hiver. Cette envie de diversité explore des thèmes aussi variés que la situation des femmes au Liban dans Imane de Lina Zakhour (Hémisphères), les bouleversements du corps à l'adolescence avec L'odeur de chlore par Irma Pelatan (La Contre-Allée) ou encore la condition ouvrière, des usines de poissons aux abattoirs de Bretagne, que Joseph Ponthus raconte dans A la ligne (La Table ronde). On plonge dans un quartier populaire d'Alger avec Magic Bab el Oued de Sabrina Kassa (Emmanuelle Collas), dans le Palerme des années 1960 à travers le journal intime de la narratrice d'Antonia de Gabriella Zalapì (Zoé), et dans les affrontements qui agitent le temps d'une journée Addis-Abbeba, capitale de l'Ethiopie, avec Kazenchis se tait le dimanche par Vincent Defait (Cambourakis).

A l'image de Jean--Baptiste Labrune qui publie L'ombre de son nom, le tout -premier roman des éditions -Magnani, plusieurs traducteurs franchissent le pas de la fiction. A L'Iconoclaste, Vincent Raynaud investit l'univers de l'industrie du rock des années 1980 dans Toutes les planètes que nous croisons sont mortes.

Au Tripode, Thierry -Decottignies signe La -fiction Ouest, -périple poétique dans un parc d'attractions où règnent folie et oppression. Egalement traductrice, Fanny Wallendorf propose L'appel, chez Finitude, ou le destin de -celui qu'on surnomme « Hurluberlu », un pas-sionné de saut en hauteur. Un menu de rentrée alléchant, qui invite les lecteurs à se délecter avec Stéphane Malandrin et son insatiable Mangeur de livres, à paraître au Seuil. W

Léopoldine Leblanc

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