Dans la préface enthousiaste qu’il a écrite pour A toute berzingue, Douglas Kennedy, après avoir exprimé toute son admiration pour l’Australien Kenneth Cook, disparu en 1987 en pleine acmé de son talent, présente le roman comme "un page-turner torride au sens noble du terme". On ne saurait mieux définir ce texte, retrouvé par sa fille trente-quatre ans après la mort de Cook, et assez atypique dans sa production. A l’origine élaboré en 1981 par la writing factory familiale (le père et ses quatre enfants) comme un scénario de téléfilm (avorté), l’écrivain l’avait transformé en roman. Puis oublié, accaparé qu’il était par les désopilantes nouvelles du bush qui ont fait son succès et ses autres romans, comme Cinq matins de trop (Autrement, 2006), beaucoup plus psychologiques, plus fouillés.
Ici, Kenneth Cook se lâche, inventant une histoire cauchemardesque. Il met en présence, dans le désert australien, entre Sydney et Adélaïde, John Shaw, un jeune paysagiste qui se rend à un entretien d’embauche dans sa Honda Civic, et Katie, une reporter-photographe qui, partie dans son gros 4x4 Land Cruiser, vient d’échapper à une terrifiante agression. Alors qu’elle campait dans le bush, elle a été attaquée par "un être proche de l’homme, énorme, torse nu, barbu, le corps noirci de soleil et velu", puant la charogne et dont les intentions étaient tout sauf amicales. Elle s’est enfuie, abandonnant sa voiture et ses affaires. John l’a retrouvée, et ils sont partis vers Adélaïde dans sa petite auto. Mais c’était sans compter avec la folie furieuse du psychopathe, lequel se met à les traquer sans pitié ni relâche, pour les tuer. Va s’ensuivre une poursuite sur plus de 150 pages, avec des scènes d’apocalypse, des meurtres sanglants, etc. Une sorte de western dont les deux jeunes sortiront vainqueurs, mais à quel prix ?
Premier ou second degré, peu importe, c’est énorme, épatant, dément. Ce Kenneth Cook, décidément, était un sacré écrivain. Espérons qu’il reste encore d’autres de ses livres, pas encore publiés en France. J.-C. P.