2 FÉVRIER - ROMAN Etats-Unis

Lenny Abramov, 39 ans, travaille dans la nanotechnologie, c'est un "penseur créatif et un fournisseur de Contenu". Le héros du nouveau roman de Gary Shteyngart tient un journal intime où il consigne ses réflexions les plus profondes sur la vie et la mort. Voici un "homme ordinaire, un mètre soixante-quinze, soixante-douze kilos, avec un indice de masse corporelle légèrement dangereux de 23 9". Monsieur a le nez crochu, une bouche en cul-de-poule, une calvitie grandissante. "L'insignifiance est ma malédiction dans tous les sens du terme", nous dit celui dont les parents ont émigré, avant sa naissance, de Moscou aux Etats-Unis "avec une paire de sous-vêtements pour deux".

A Rome, Lenny a eu des rapports sexuels avec une certaine Fabrizia. Chez elle, lors d'une soirée, il a aussi fait la connaissance d'Eunice Park, une petite et jeune Coréenne de 24 ans, avec des taches de rousseur, diplômée d'une faculté dans le Massachusetts. Fille d'émigrants elle aussi, Eunice pense être "sans doute lesbienne", et que "l'amour, il n'en est pas question". Elle a pourtant cédé en partie à ses avances et lui a appris comment se laver correctement les dents ! De retour à New York après ce qu'il appelle son "fiasco européen", l'Américain entreprend de célébrer ce qu'il a. Ses "220 m2 de lopin sur l'île de Manhattan", son "Mur de livres", la table du balcon qu'il a eu tant de mal à assembler...

Avec Gary Shteyngart, on est toujours certain de s'amuser tout en réfléchissant sur l'état du monde. L'auteur alerte de Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes Russes (L'Olivier, 2005, repris en Points) et d'Absurdistan (L'Olivier, 2008, repris en Points) frappe encore très fort. Bien installé dans un décor futuriste pas très engageant, c'est le moins que l'on puisse dire, ce natif de Leningrad continue de se montrer un conteur hors pair, un prosateur audacieux et un satiriste mordant

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