Jade the ripper. Jade Daniels, presque Jack Daniel's, n'est pas gâtée. Outre ce patronyme ingrat, comme un écho aux relents de son ivrogne de père, et un horizon désespérant au fin fond de l'Idaho, elle n'a ni amis ni perspectives. Alors elle se réfugie dans les films d'horreur, les slashers surtout, les plus violents, ceux où disjonctent des tueurs masqués. De fait, lorsqu'une réalité distordue émerge des rives de l'Indian Lake, la gamine se retrouve aux premières loges. Elle seule peut interpréter les évènements, les tordant dans les méandres de son imagination débordante. Elle seule peut scénariser avec un coup d'avance le déroulement de ce sanglant 4 juillet, date plus adéquate qu'un Vendredi 13 ou veille d'Halloween pour contrarier un rêve américain.
Entrecoupé des rédactions foutraques de la Jade lycéenne, toujours dévolues à son unique fascination pour l'hémoglobine de série B, le nouveau roman déjanté de Stephen Graham Jones oscille entre humour dévastateur et carnages indicibles. L'auteur y confirme un style singulier, toujours servi par cette écriture percutante qui nous avait déjà laissés groggy à la lecture d'Un bon Indien est un Indien mort. Sorte de thèse biscornue ou anthologie pointue du genre slasher, sans pour autant négliger le marasme social dans lequel s'épuisent les racines amérindiennes de notre Blackfeet préféré, Mon cœur est une tronçonneuse emmêle le vrai plus qu'il ne démêle le faux, conduisant Jade vers son destin, aussi noir que rêvé, d'ultime survivante de slasher.
Mon cœur est une tronçonneuse
Rivages
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 23 € ; 480 p.
ISBN: 9782743661076