Ils étaient neuf. « Neuf vies » pour un remake libre et assumé du roman d'Agatha Christie qui en comptait dix : tel se présente le roman de Peter Swanson, après un Huit crimes parfaits tout aussi ludique. Entre hommage à la « Duchess of Death » et détournement à usage littéraire du Cluedo, neuf citoyens américains sans liens apparents reçoivent une liste de neuf noms dont le leur. Certains totalement transparents, d'autres plus insupportables et dignes de prendre les coups, mais tous dans les starting-blocks d'un décompte mortel en marche. Huit, sept, six... Mais pourquoi neuf au départ ? Tout le monde fait des Top 5, voire des Top 10 ou Top 50, mais pas de Top 9. Cinq, quatre, trois... La faucheuse biffe métronomiquement chaque patronyme de la liste, surtout si l'un d'entre eux a flairé un soupçon de piste. L'écriture, entre minutie et simplicité, nette sous les ongles, taillée au cordeau et parfaitement cohérente pour plaire aux fans d'Agatha Christie, n'émeut pas plus que ça. Mais l'histoire s'avère particulièrement addictive au fil des pages, au cœur de souvenirs d'enfance filigranés derrière les traumatismes lointains et leurs indélébiles cicatrices. Et si le final fourvoie les règles du jeu pour en assumer ses options personnelles, nous ne pouvons que remercier Peter Swanson de convier au casting de la marelle nos chers Enid Blyton ou Peter Pan, pour cette sorte de « Club des neuf » et pour un nouveau duel entre Lili la Tigresse et le Capitaine Crochet. Ce qui nous ramène aux Enfants perdus...