6 janvier > nouvelles Etats-Unis

En 2006, Quidam éditeur faisait découvrir l’œuvre de Kate Braverman avec le marquant Lithium pour Médée (repris en "Rivages poche"). L’Américaine impressionne encore avec des nouvelles. Celle qui ouvre le recueil, "Bleu éperdument", est un parfait exemple du talent d’une styliste trois fois récompensée par le Best American Short Story Award.

Une femme se souvient de la petite fille qu’elle était. D’une gamine née au Mexique, dans un village sur la côte pacifique, qui avait habité à Kyoto et dans la jungle hawaïenne. Avant de s’installer, à l’âge de 6 ans, à Beverly Hills avec sa mère et sa grand-mère. Maman l’a éduquée "de façon excentrique selon une méthode de son cru". Elle est poétesse. Un mince volume de ses textes est disponible "hors catalogue auprès d’un éditeur inconnu".

Comment oublier l’époque où la radio diffuse Bob Seger et Jackson Browne, les Rolling Stones et les Eagles. Et une génitrice aux yeux éberlués qui cuisine des cookies, porte des ponchos, essaye de décrocher de la vodka… La Californie sert aussi de cadre à "Blues d’hiver". L’année de Tchernobyl, on y accompagne Erica et sa fille Flora. La première a appris "à donner l’illusion d’être là quand, en réalité, elle est complètement ailleurs". Les jours pluvieux et fériés, elle écume les centres commerciaux avec Flora tout en s’interrogeant sur l’autodestruction des poètes américains. Ne pas rater non plus "Tu veux que j’te raconte le Mékong ?" où une écrivaine qui anime des ateliers d’écriture à la fac est abordée par un type toxique qui prétend qu’il va être "le plus grand vertige de sa vie".

Les nouvelles de Kate Braverman sont des alcools forts, qui secouent durablement avec leur mélange de violence et de beauté. Al. F.

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