Acteur, scénariste et réalisateur, Julian Fellowes s’est fait connaître du public français grâce au scénario de Gosford park de Robert Altman,; qui lui a valu l’oscar du Meilleur scénario original en 2002. Il a ensuite dirigé l’excellent long-métrage Separate lies et signé un premier roman enlevé, Snobs (JC Lattès, 2007, repris au Livre de poche).
L’Anglais, anobli en janvier 2011 et fait baron Fellowes de West Stafford, village du Dorset, a frappé plus fort encore en créant l’une des séries les plus marquantes de ces dernières années : Downtown Abbey, où il reprenait l’idée de maîtres et, de valets, déjà au cœur de Godsford park, en la développant encore davantage. Fellowes est de retour en librairie avec un fort volume so british, où il s’amuse à nouveau à refléter les nuances de la société anglaise en réaffirmant son art de la satire et son sens du détail.
Le narrateur de Passé imparfait est écrivain. Il ne s’est jamais marié, fréquente une brillante femme d’affaires irlandaise, Bridget Fitzgerald. Un matin, dans son courrier, au milieu des factures, des mots de remerciements et des invitations à participer à des œuvres caritatives, il trouve une lettre signée Damian Baxter. Un vieil ami avec qui il s’est fâché et qu’il n’a pas revu depuis environ quarante ans. Baxter, il l’a bien connu du temps de leurs études à Cambridge.
Ce dernier l’enjoint à lui rendre visite à Guilford, dans le Surrey. L’écrivain s’y rend par le train, un agréable après-midi d’été de juin. L’homme qu’il retrouve dispose d’une demeure fastueuse, d’un chauffeur et d’une Bentley neuve. Qu’il est loin pourtant le beau jeune homme bien bâti aux boucles épaisses et au sourire facile. Damian Baxter est aujourd’hui un vieil homme mourant, atteint d’un cancer du pancréas inopérable. Lors d’un dîner fin arrosé de margaux, les anciens camarades discutent de tout et de rien.
Puis Baxter explique à son invité ce qu’il attend de lui : retrouver un enfant qu’il n’a jamais vu. Un enfant qu’il a eu avant de devenir stérile, après avoir attrapé les oreillons lors de vacances sous le chaud soleil portugais. A l’écrivain, il donne une carte de crédit couleur platine pour couvrir ses frais. Ainsi qu’une liste des dames susceptibles d’être la mère de son enfant…
Julian Fellowes passe habilement d’une époque à une autre. Sous sa plume, revoici les swinging sixties, quand son héros, fils de diplomate, habitait une rue entre South Kensington et Earls Court. Une époque où Damian était un bourreau des cœurs capable de donner la réplique dans la bonne société et d’épater les débutantes. Menant de main de maître son savoureux Passé imparfait, Fellowes, lui, épate par son savoir-faire, son œil et sa plume.
Alexandre Fillon