Maurice Sinet, dit Siné, né le 31 décembre 1928 dans le 20e arrondissement de Paris, et mort le 5 mai 2016 à l'âge de 83 ans, était l'un des dessinateurs et caricaturistes politiques français les plus connus de ces dernières années. Il était régent du Collège de Pataphysique.
Il passe son enfance entre Barbès et Pigalle et entre à l’École Estienne à l'âge de 14 ans, où il étudie le dessin et la maquette. Il chante dans les cabarets pour gagner sa vie. En découvrant les illustrations de Saul Steinberg, il décide de faire le même métier.
Siné passe une grande partie de son service militaire en prison, puis il commence à dessiner et des retouches sur les photos des revues pornographiques. En 1952, il publie son premier dessin dans France Dimanche en 1952 et reçoit le grand prix de l'Humour noir en 1955 pour son recueil Complainte sans Paroles. Sa défiance envers l'Etat et la religion n'a jamais failli. En 1957, avec Jean Yanne pour les textes, il dessine dans une revue anticléricale J'y va-t-y j'y Vatican puis Ça fait des bulles. Mais c'est avec sa série de dessins basée sur des jeux de mots mettant en scène des chats qu'il se fait connaître.
En 1981, Siné rejoint l’équipe de Charlie Hebdo où il signe la rubrique « Siné sème sa zone » et dessine pour l'émission "Droit de Réponse" de Michel Polac sur TF1. Après un passage à L'Événement du jeudi, il reprend sa rubrique dans Charlie Hebdo dans les années 1990. Siné a souvent eu affaire avec la justice à cause de dessins jugés antisémites. Et en juillet 2008, une chronique dans Charlie Hebdo sur Jean Sarkozy, est celle de trop. Philippe Val, alors directeur de l'hebdomadaire satirique le renvoie, sur fond de mésentente entre les deux hommes.
Siné et Charlie Hebdo entrent alors en guerre. D'abord juridique avec un procès autour de son éviction du journal. Finalement, le 30 novembre 2010, le tribunal de grande instance de Paris condamne Charlie Hebdo pour préjudice moral et financier à l'encontre de Siné, précisant qu'"il ne peut être prétendu que les termes de la chronique de Siné sont antisémites… ni que celui-ci a commis une faute en les écrivant." Il reçoit 40 000 euros de dommages et intérêts et après un jugement en appel en décembre 2012, le montant s'élève au bout du compte à 90 000 euros.
L'autre conflit est médiatique. Outre la première passe d'armes mémorable entre anti et pro Siné sur les Réseaux sociaux, le dessinateur décide de créer Siné Hebdo puis Siné Mensuel, avec succès.
Je ne pense, depuis quelque temps, qu’à ma disparition prochaine, sinon imminente, et sens la mort qui rôde et fouine sans arrêt autour de moi comme un cochon truffier.
Mon moral, d’habitude d’acier, ressemble le plus souvent maintenant à du mou de veau !
C’est horriblement chiant de ne penser obsessionnellement qu’à sa mort qui approche, à ses futures obsèques et au chagrin de ses proches ! Je pense aussi à tous les enculés qui vont se frotter les mains et ça m’énerve grave de crever avant eux !
Heureusement que vous êtes là, admirateurs inconditionnels, adulateurs forcenés… vous ne pouvez pas savoir comme vos messages me font du bien, un vrai baume miraculeux !
Et banzaï malgré tout !"
De nombreux ouvrages compilent ses dessins, publiés chez Jean-Jacques Pauvert à ses débuts, mais ensuite chez Calmann Levy (Au secours, avec Desclozeaux, Picha et Puig Rosado), Le cherche midi, (Siné dans Charlie Hebdo, Siné dans Hara-Kiri Hebdo, Siné sème sa zone, Journal pré-posthume et Les Chats de Siné récemment réédités), aux éditions Rotative (Ma vie, mon œuvre, mon cul en plusieurs volumes), Hoëbeke (60 ans de Siné, Mon dico illustré). Sa passion pour le jazz a aussi été déclinée en livres avec La Sinéclopédie du Jazz chez Gallimard, Vive le Jazz ! chez Frémeaux et associé et Jazzmaniaque aux Éditions du Layeur. Les éditions Les Cahiers dessinés ont édité il y a deux ans un recueil de ses dessins depuis 1950, Dessins d'humour.