Si le lifting est un exercice régulier chez Sauramps, celui réalisé les 17 et 18 février dans le magasin historique du centre commercial le Triangle relève de la chirurgie lourde. Nécessitant une journée de fermeture, ce remodelage a totalement chamboulé l’organisation de la librairie, qui s’étend sur 2 000 m2 et réalise (avec le magasin jeunesse et celui du musée), 16,6 Me de CA. A son origine, la réintégration sur 120 m2 de la papeterie, installée depuis 2004 dans un magasin autonome. «Cette situation ne répondait plus aux impératifs économiques, à savoir l’amélioration de la marge globale de la librairie grâce à la papeterie, souligne Alain Panaget, directeur de Sauramps. Et puis, nous avions besoin de retrouver une identité différente par rapport à notre magasin Odysseum, d’affirmer des singularités pour jouer sur la complémentarité. »

Le directeur de Sauramps a donc misé sur deux grands axes. En premier lieu, réunir la fiction adulte - littérature, polar et SF tous formats confondus - dans un ensemble relativement ouvert, situé au rez-de-chaussée, à proximité des caisses, et non plus à l’entrée principale du magasin qui se trouve, elle, au deuxième étage. L’espace ainsi laissé vacant, hautement stratégique dans le flux des clients, accueille désormais, et c’est le second pari d’Alain Panaget, le « domaine de la pensée » : toutes les sciences - humaines, économiques et sociales, sciences dites dures et pensée des sciences (éthique, épistémologie, neurosciences) -, auxquelles vient s’ajouter la religion. Un choix audacieux que le directeur de Sauramps justifie par «la volonté accrue du grand public de comprendre le monde qui nous entoure. En tant que libraire, nous nous devons de porter ce mouvement ».

D’envergure, cette réorganisation a toutefois surpris, intervenant alors que Sauramps s’est placée dans la course pour la reprise des locaux du Virgin installés non loin, dans les halles Castellane. Confrontée à l’obligation de rendre accessible son espace aux personnes handicapées d’ici à 2015, véritable épée de Damoclès, ce qui risque de grever considérablement les mètres carrés et l’activité de la librairie, l’équipe dirigeante reste en effet «très attentive à toute possibilité d’un local de 1 600 à 2 000 m2 qui pourrait [l’]accueillir.En attendant, et pour ne pas trop subir, il faut bouger pour vivre », souligne toutefois Alain Panaget. Cécile Charonnat