Après la fermeture de Virgin, c’est peu de dire que l’annonce de la mise en vente de tout le réseau Chapitre traumatise le secteur du livre. Même si on s’y attendait, c’est une douche froide. Dans ce contexte, la seule bonne nouvelle aura été la signature, lundi 30 septembre, du rachat de Privat à Toulouse par Benoît Bougerol, le patron de la Maison du livre à Rodez. La librairie Chapitre de Mont-Saint-Aignan a changé de main en juillet et celle de Dax devrait, elle aussi, trouver rapidement un repreneur. Mais l’incertitude subsiste pour la librairie Arthaud à Grenoble et pour l’enseigne Chapitre à Rennes. Restent les 52 autres, qui ne pourront certainement pas toutes échapper à la fermeture.
C’est un signal fort pour tout le secteur qui voit le modèle des chaînes et des grandes surfaces culturelles fortement ébranlé - à l’exception notable cependant de Cultura, des Espaces culturels Leclerc et du Furet du Nord.
Même si, selon nos indicateurs économiques, la librairie de premier niveau semble plutôt tirer son épingle du jeu, il est évident que le réseau des librairies françaises, qui a longtemps fait figure de référence, est gravement fragilisé par la crise et les changements de paradigmes induits par les nouvelles technologies. Le constat a été très concrètement énoncé dès juin dernier lors des 2es Rencontres de la librairie à Bordeaux.
La ministre de la Culture y a répondu en annonçant des mesures précises pour venir en aide aux librairies. Notamment l’augmentation de 2 millions d’euros du budget consacré aux librairies par le Centre national du livre. Autant dire que l’attente de la nomination de son nouveau président, plus de trois mois après le départ du précédent, suscite une impatience grandissante.
Les éditeurs devraient cependant se régénérer à la Foire de Francfort, qui reçoit cette année comme invité d’honneur un Brésil en pleine forme, avide de livres français. Dans le dossier que nous consacrons à ce pays, nous mettons en évidence cet appétit. Le Brésil est aujourd’hui le premier pays acheteur de droits français d’Amérique latine et, en 2012, 404 contrats ont été signés entre éditeurs français et brésiliens ! La samba leur remettra un peu de baume au cœur.