30 AOÛT - ROMAN Chili

Alejandro Zambra, auteur remarqué chez Rivages de La vie privée des arbres et de Bonsaï, adapté au cinéma en 2011, fait son entrée aux éditions de l'Olivier avec un roman générationnel plein de charme et de désillusions, inspiré de son enfance dans le Chili de Pinochet. Une histoire en quatre parties, entrelaçant des récits situés à vingt ans d'intervalle.

Né en 1975, cette figure montante des lettres latino-américaines, qui participera au prochain festival America, a eu, comme son héros, 10 ans sous la dictature. Il vivait avec ses parents dans le quartier de Maipu. Grandir à Santiago dans le milieu des années 1980, c'était, pour le petit garçon, vivre un quotidien normal et tranquille. S'il n'y avait eu Claudia... Pour plaire à cette intrigante amie, rencontrée à l'occasion d'un de ces tremblements de terre qui secouent le pays, il se met à surveiller un homme, son voisin, l'oncle de la fillette. Il note ses allers et venues, les visites qu'il reçoit et rend des rapports réguliers. Se pose fugitivement des questions auxquelles personne ne semble pouvoir répondre : qu'est-ce qu'un démocrate-chrétien ? qu'est-ce qu'un communiste ?

Une époque plus tard, l'enfant devenu écrivain fait revivre Claudia dans un roman qu'il écrit sans savoir où il va, racontant ses doutes à Eme dont il est séparé. Témoin sans rôle d'une histoire trop grande pour lui, il a la sensation d'avoir été un personnage secondaire dans "le roman des parents".

Alejandro Zambra se soucie fort peu d'établir une vérité historique. La fiction prise entre souvenirs et invention assumée est plutôt une tentative douce de réappropriation. Dans la lignée de son brillant aîné argentin Alan Pauls, Zambra aborde de biais la destinée politique de son pays avec un ton distancié, traversé d'un humour discrètement triste. "Je ne veux parler ni d'innocence ni de faute ; je veux seulement éclairer quelques recoins, les recoins où nous étions." Une lumière de lampe de chevet plus que de projecteur braqué.

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