Russie: un froid saisissant

En dépit de la tension diplomatique, le stand russe a attiré la foule. - Photo Olivier Dion

Russie: un froid saisissant

Le boycott présidentiel du pavillon russe lors de l’inauguration de Livre Paris a jeté un froid qui n’a pas empêché le public de fréquenter le stand.

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Par Clarisse Normand,
avec Créé le 23.03.2018 à 00h49

Ça a débuté par un malaise: le pavillon officiel qui accueillait cette année la Russie comme invitée d’honneur a été boycotté lors de l’inauguration de Livre Paris par le président de la République. Emmanuel Macron avait choisi ce moyen pour manifester sa solidarité avec le gouvernement britannique qui venait de dénoncer l’empoisonnement d’un ex-espion russe en Angleterre. Le boycott présidentiel a créé un malaise parmi les professionnels français et a été très mal ressenti par de nombreux auteurs russes invités qui se sont dits "peinés", "chagrinés" ou encore "amers". "Le boycott m’a fait l’effet d’une douche froide", déclarait le lendemain Natalia Turine, cofondatrice de Louison éditions, spécialisée en France dans la littérature russe contemporaine, et propriétaire de la librairie du Globe qui gérait la librairie du pavillon russe.

Ne commentant pas l’incident, François Deweer, directeur du Globe, estime qu’il aura finalement eu le mérite d’"attirer l’attention sur notre présence, alors qu’une partie du grand public ignorait que la Russie était l’invitée d’honneur. Il a même peut-être conduit des gens à venir sur notre stand pour nous montrer leur soutien." En témoignent les chiffres de vente: "140 000 euros HT, annonce le libraire, ce qui nous permet de dépasser notre point mort et de rentabiliser notre présence à Livre Paris."

Avec "11 000 ouvrages vendus, dont près d’un tiers en VO, et un panier moyen d’achat supérieur à 30 euros", il salue l’intérêt manifesté par le public pour la littérature russe. "Les écrivains invités, qui étaient près de quarante, ont pris le dessus. A commencer par Ludmila Oulitskaïa, prix Médicis étranger en 1996 avec Sonietchka, venue présenter sa nouveauté, L’échelle de Jacob, en rupture de stock dès dimanche midi."

Parmi les très bonnes ventes, il cite aussi: Des chaussures pleines de vodka chaude de Zakhar Prilepine, Les femmes de Lazare de Marina Stepnova, Les dieux de la steppe d’Andreï Guelassimov ou encore Zouleikha ouvre les yeux de Gouzel Iakhina. "Après la littérature actuelle, les classiques comme Anna Karénine de Léon Tolstoï ou Le maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov se sont aussi bien vendus", assure François Deweer, constatant toutefois que "la meilleure vente a été L’appartement, un siècle d’histoire russe d’Alexandra Litvina et Ania Desnitskaïa, une BD éditée par la librairie du Globe, écoulée sur le salon à plus de 400 exemplaires".

Avec 120 rencontres sous forme de débats, discussions, entretiens individuels, mais aussi films, jeux concours sur la BD L’appartement ou parties d’échecs avec le célèbre joueur russe Anatoli Karpov, venu disputer et gagner, avec un score de 12 à 0, plusieurs parties en simultané, notamment avec des éditeurs et écrivains dont Bernard Werber, la programmation du pavillon russe a aussi rencontré un joli succès. C. N.

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