« Se connaître soi-même est un projet sans fin, l'image n'est jamais complète. De nombreux angles morts subsistent. » Tel est le constat de Kadoke. Ce psychiatre amstellodamois passe ses journées à scruter l'âme humaine, mais quand il s'agit de la sienne, il est perdu. D'autant que sa mère vampirique - personnage symbolique qui ferait la fierté de Freud - l'entraîne dans sa chute. Il trébuche d'ailleurs, en craquant pour l'auxiliaire de vie qui s'occupe d'elle. Privée de son aide, la mère encourage le fils à se réinstaller chez elle. Le quadra divorcé perçoit cette situation absurde comme le énième échec de son existence, déjà alourdie par tant de névrosés. Kadoke est en effet chargé d'un centre de prévention du suicide et les candidats ne manquent pas... « Il n'existe aucune bonne ou mauvaise raison de vivre. » Il s'engage néanmoins dans ce combat jour après jour. « Le verbe guérir ne veut rien dire. Je veux rendre la situation plus supportable. » À ses côtés, l'interne Dekha s'efforce de le seconder. Leur relation frise l'ambiguïté, mais le héros est trop englué dans ses soucis. « La maladie nous rapproche de la vérité... » Pour soulager sa mère grabataire, il suggère une thérapie expérimentale et engage pour cela l'une de ses patientes suicidaires. Il n'y a qu'Arnon Grunberg pour imaginer un vaudeville aussi profond et savoureux. L'auteur du Messie juif effleure ici les grandes peurs de l'existence. Le psy dit d'ailleurs à sa protégée : « Je peux te protéger de la mort, c'est mon métier. Pas de la vie. La vie est plus qu'une thérapie. » À nous de grandir pour le découvrir.

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