« Il a neigé. De loin ça fait comme du sucre fin sur un gâteau. » En plein hiver, au bord d'un lac assoupi, un marionnettiste fait son spectacle puis va de forêt en village, son petit théâtre sur un traîneau. Devant lui, un grand lac gelé à traverser. Soudain au beau milieu, crac ! Un ours se noie dans la glace qui a cédé sous son poids. Sans réfléchir, l'homme se précipite au secours de l'énorme bête et lui donne la main pour la remonter. L'opération est longue et délicate et il y perd sa main gelée. Sans elle, tout travail devient impossible. Heureusement la cabane des « compagnons du bois » le recueille. Un matin, un énorme ours surgit dans la pièce, mais au creux de la terrible boule de poils et de griffes est blottie une étrange petite créature, une jeune femme toute frêle. « C'est une fée qui t'aidera », dit l'ours, laconique, avant de décamper. À Rouge, la grande capitale du Nord, au Théâtre Royal tout illuminé, va se jouer un spectacle inédit, à l'issue duquel une étrange procession d'hommes-ours et de femmes-oiseaux s'avancera dans la forêt.

Nul pathos, cette histoire aux allures de conte n'est jamais triste, l'esprit de la forêt rend toujours ce qu'il a pris. Si le merveilleux plane sur le texte, il irradie aussi- ô combien- dans le dessin époustouflant de Ronald Curchod. Les troncs rectilignes des bouleaux baignent dans les fantastiques lumières bleu-mauve de l'hiver boréal, et les villes sont posées au bord des lacs comme des songes. Dans cet album onirique, tout est beau, même la typographie !