Jim Harrison n’est pas un écrivain qui se bride. On le vérifie une nouvelle fois avec Péchés capitaux. Le natif du Michigan propose un "faux roman policier" surprenant et audacieux.
Son nouveau héros vit à Marquette, dans le Michigan. A la retraite depuis deux ans, Sunderson, ancien inspecteur de police, est âgé de 75 ans. Le gaillard aime aller pêcher la truite mouchetée. Il fume encore un peu et reconnaît son "goût pour la picole". Sunderson ne déteste pas non plus regarder la femme de son voisin faire du yoga en nuisette. Monsieur est divorcé de Diane, une directrice d’hôpital avec qui il a adopté Mona, laquelle vient de plaquer l’université pour accompagner à New York le batteur d’un groupe de rock dont elle est amoureuse.
New York, Sunderson n’y a encore jamais mis les pieds avant de devoir aller chercher sa fille adoptive. Sur place, il est obligé de reconnaître que le batteur en question, Lorin, est du genre nabot. Mona n’a nulle envie de rentrer. Elle dit avoir envie de liberté pendant un moment puisque, libre, à l’entendre, elle ne l’a jamais été. Rien ne va aller droit dans Péchés capitaux.
Sunderson s’essaye au chantage. Réclame cinquante mille dollars pour étouffer l’affaire, les obtient, les range dans un sac banane Peanuts qu’il vient de s’offrir. Avant de se retrouver le dos et l’épaule brisés. Heureusement qu’il peut compter sur le soutien de Sonia, employée d’un coffee-shop qui lui a prêté main-forte. On suivra encore notre homme à Paris, près de l’Odéon et au Café de Flore, où il ramasse une Mona atteinte d’une hépatite et accro à l’héroïne. Une Mona qui se montre décidée à coucher avec lui… Quand il part également pêcher avec son ami Marion. Et qu’il s’achète un chalet au bord d’un petit lac. Problème de taille, les voisins. Une famille de dégénérés, les Ames, des "cinglés de la gâchette" qui pratiquent l’inceste et la vendetta. Sunderson se lie d’abord avec une Lily Ames qui finit mal. Puis avec Monica, dix-neuf ans, un "joli cul" et des seins qui lui rappellent ceux de Diane. Coup de chance, Monica n’est pas farouche, mitonne des petits plats et exerce sur lui un effet électrique !
Jim Harrison s’en donne ici à cœur joie, enchaînant le lecteur à un Sunderson qui a appris que "le comportement humain était une énigme sans fin". L’auteur de Dalva (Christian Bourgois, 1989, repris en 10/18) et de Nageur à la dérive (Flammarion, 2014, repris en J’ai lu) se moque du politiquement correct et des faux-semblants. Qui l’aime le suive !
Al. F.