Les détectives Joe Leaphorn et Jim Chee sont orphelins. Les deux héros navajos ont perdu leur créateur, le romancier Tony Hillerman, mort le 26 octobre à l'âge de 83 ans dans un hôpital d'Albuquerque (Nouveau Mexique).
Vétéran décoré de la Seconde guerre mondiale, malade depuis plusieurs années, Tony Hillerman « continuait cependant à taper sur sa vieille machine à écrire parce qu'il adorait écrire », comme l'a confié sa fille à Associated Press.
Journaliste de 1948 à 1962, Tony Hillerman a ensuite enseigné le journalisme à l'université d'Albuquerque tout en écrivant des romans policiers aux intrigues rigoureuses. Grand admirateur de l'Australien Arthur Upfield et de son détective à moitié aborigène Napoléon Bonaparte, il a situé aux confins du territoire navajo, zuni et hopi, aux « Four Corners » (aux frontières du Colorado, de l'Utah, du Nouveau-Mexique et de l'Arizona), les enquêtes de ses flics de la police tribale navajo, racontant les clans, les grands rassemblements indiens, les cérémonies de purification, les hommes médecine, les règles de politesse...
Le premier, La voie de l'ennemi, paraît en 1970 aux Etats-Unis avec Joe Leaphorn pour héros, suivi de Là où dansent les morts (1973) et Femme qui écoute (1978). En 1980 apparaît Jim Chee dans Le peuple des ténèbres, qui rencontre Leaphorn, en 1986 dans Porteurs-de-peau. D'autres aventures communes suivront, notamment avec la jeune et jolie policière, Bernadette Manuelito.
Tony Hillerman a par ailleurs raconté son enfance paysanne et celle des petits Blancs pauvres dans son autobiographie, Rares furent les déceptions, publiée en 2003 chez Rivages, l'éditeur en France de la quasi-totalité de son oeuvre. Celle-ci compte une vingtaine de livres, dont quelques-uns adaptés au cinéma comme Le vent sombre, réalisé en 1991 par Errol Morris.
François Guérif publiera le 12 novembre en « Rivage/Noir », Le chagrin entre les fils, la dernière enquête de Leaphorn parue en 2007.