Il est des entrées dans la carrière qui vous ont des airs de contes de fées. Celle d’Olivier Bourdeaut semble en faire partie. Ce jeune homme, inconnu au bataillon des éminences littéraires (on ne saura de lui que le strict minimum, une naissance à l’heure du giscardisme finissant au bord de l’Atlantique, une expérience malheureuse dans l’immobilier, une vie désormais passée entre France et Espagne), pourrait bien être l’invité surprise à la table des grands de la prochaine rentrée de janvier. Trois mois avant sa parution aux bons soins des éditions Finitude, son premier roman En attendant Bojangles, porté par une rumeur extrêmement flatteuse, fait déjà l’objet de sept contrats de traduction. Et après Francfort une quinzaine d’autres pays se sont positionnés.
Le succès est injuste, c’est ce qui en fait le charme et la cruelle incertitude, mais à lire Olivier Bourdeaut, on peut en comprendre les éventuels ressorts. Le primo-romancier a le sens des personnages et des décors, un charme "ligne claire" joliment désuet, du style. Il y a quelque chose qui, à chaque page, rappelle joliment la légèreté noire du Vian de L’écume des jours. Tout pour plaire en somme, et à tout lecteur, de 7 à 77 ans, occasionnel comme régulier.
En un temps pas vraiment défini, c’est l’histoire d’un homme et d’une femme, de leur amour fou sur fond de famille plus dysfonctionnelle encore que de coutume. Ils s’aiment, donc. Ils dansent au son de leur chanson préférée, Mr. Bojangles, interprétée par Nina Simone. Ils ont un fils, qui est leur premier spectateur, un grand oiseau bizarre dans le salon de leur maison, un château en Espagne, une vie à brûler. Un jour, tout s’arrête, la mère s’en va sur les chemins de sa folie, mais le père et le fils, fous aussi, d’espoir et de douleur, vont faire en sorte que le manège redémarre.
Olivier Mony