A ski de randonnée, sur les crêtes du Beaufortain. - Photo Cedric Sapin-Defour
Rencontres littéraires d’Arêches-Beaufort : éloge de la page blanche
Bernard Minier, Cedric Sapin-Defour et Fabrice Lardreau comme invités, des projections, une exposition et un radieux soleil d’hiver : voilà les ingrédients d’une première réussie pour les rencontres littéraires d’Arêches-Beaufort (Savoie), qui se sont tenues du 19 au 22 janvier.
Par
Pierre Georges Arêches-Beaufort , Créé le
24.01.2022
à 13h22, Mis à jour le 24.01.2022 à 20h02
On connaissait les rencontres littéraires de Savoie-Mont Blanc, le festival du Grand Bivouac d’Albertville ou encore le salon du livre de montagne de Passy… Dans le paysage culturel savoyard, il faudra maintenant aussi compter sur les Rencontres d’Arêches-Beaufort, dont la première édition ensoleillée s’est clos samedi 22 janvier dans le village du Beaufortain, mondialement réputé pour la pratique du ski-alpinisme.
Le crédo de cette première, naturellement : « sur les traces de Roger Frison-Roche », l’inoubliable auteur de Premier de cordée trouvant ses racines familiales à Beaufort. C’est sous cette prestigieuse aura que l’office du tourisme d’Arêches-Beaufort a lancé sa manifestation par trois soirées de projections, qui ont toutes fait salle comble. Après Encordés, 200 ans dans le regard des guides de Chamonix présenté par le guide de haute-montagne François Hivert, ont été projetés deux favoris pour les César : La Panthère des neiges, présenté par la photographe Sandra Bérénice Michel, puis Le sommet des dieux, présenté par Arnaud Miquel, responsable des rencontres professionnelles du festival international du film d’animation d’Annecy. Une exposition autour des « visages de l’exploration » a ensuite été affichée dans les rues d’Arêches, en partenariat avec le festival Grand Bivouac et les éditions Paulsen.
Ecrire la montagne
Mais le point d’orgue de la semaine était bien samedi 22 janvier lors de la soirée de clôture. Etaient invités, pour évoquer leurs rapports à la montagne, Cédric Sapin-Defour, écrivain, journaliste et surtout alpiniste bien connu des lecteurs de Montagnes Magazine et habitant d'Arêches ; Fabrice Lardreau, à la tête de la collection « Versant intime » des éditions Arthaud, et surtout Bernard Minier, enfant des Pyrénées et maître du polar au quelque 4,7 millions de livres vendus.
De gauche à droite : Laëtitia Favro, Bernard Minier, Fabrice Lardreau, Cedric Sapin-Defour, samedi 22 janvier à Arêches. - Photo PG
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La difficulté d’écrire la montagne, les sommets comme décor romanesque parfait, mais aussi des réflexions autour d’une littérature de montagne souvent trop phagocytée par les récits tragiques d’alpinisme, ou encore le rôle de la marche dans le processus créatif : voilà quelqu’uns des thèmes qu’ont abordés les trois invités, répondant aux questions de Laëtitia Favro, critique littéraire notamment dans les pages de Livres Hebdo.
Adret vs Ubac
Depuis son « choc originel », enfant, à l’Aiguille du midi, Cedric Sapin-Defour a délicatement évoqué son rapport charnel à l’univers montagnard, qui « structure sa vie et lui donne du sens ». « En tant que lecteur, j’attends qu’on me décrive un alpinisme heureux, doux, lumineux », a lancé l’alpiniste, garant d’une littérature de montagne « douce », rappelant « la vulnérabilité de l’homme » et témoignant de « l’émotion de suivre une trace ».
Dans un autre registre, Bernard Minier, « pas là pour écrire des feel good book », s’est souvenu de son enfance isolée face à la « barrière » pyrénéenne, ressortie comme une évidence dans les décors de son premier roman, Glacé (XO). Une montagne « dure, qui égratigne » pour l’auteur de thriller. De son côté, l’éditeur Fabrice Lardreau a évoqué, à travers ses séries d’entretiens publiés chez Arthaud, une littérature montagnarde qui sort des éternels classiques. « Il y a pleins de romans que l’on n’assimile par au champ littéraire de la montagne mais qui le sont. Il y a beaucoup plus de livres de montagnes qu’on ne le croit », a-t-il assuré.
Deux points ont mis d’accord les trois invités. L’ambivalence, d’abord de la littérature de montagne, avec un côté ensoleillé, doux et bienveillant comme l’adret d’une face, et un autre versant plus catastrophique, hostile et dangereux, tel un ubac, à l’ombre. La nécessité, ensuite, de ne pas traiter la montagne comme un décor. « Quel que soit le registre littéraire, un texte de montagne est réussi quand elle est un personnage, et pas un décor », ont conclu les auteurs. Ne leur restaient plus après ces observations qu’à se prêter au jeu des dédicaces. Et pour les organisateurs, de se féliciter du succès de cette première édition, donnant, sans doute, rendez-vous au public l’hiver prochain pour de nouvelles ascensions littéraires.
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Par
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