P.O.L entreprend de réunir en trois tomes toute l’œuvre du sulfureux Guillaume Dustan. Un écrivain mort à 39 ans, à Paris, le 3 octobre 2005, d’une embolie pulmonaire. L’occasion de relire la prose de celui qui a laissé huit livres en huit ans. Le premier volume regroupe ses trois premiers « romans » : Dans ma chambre (1996), Je sors ce soir (1997) et Plus fort que moi (1998), avec des préfaces et des notes de Thomas Clerc.
Lequel analyse parfaitement « l’expérimentateur de formes » que fut Dustan. Un Dustan qui associa « l’écriture de soi la plus crue à une entreprise politique radicale », dont l’œuvre « fondamentalement anti-romanesque » selon lui « reste mal connue, en raison des malentendus qui l’entourent, et notamment cette subordination, si fréquente aujourd’hui, de l’inévitable lecture des textes à leur réputation, ou à ce qu’on en a vaguement entendu dire ».
Le voyage vers un passé récent commence avec Dans ma chambre, « livre dur » comme le rappelle Clerc, au style « à la fois trash et froid ». Vient ensuite Je sors ce soir, « livre doux et zen », « livre-boîte-de-nuit » et musical qui explore l’univers de la nuit à travers le récit d’une soirée à La Loco. Texte « le plus violent, le plus cru et le finalement le plus dérangeant de la trilogie », Plus fort que moi, enfin, est dédié par l’auteur à sa mère. Avant de s’ouvrir sur une évocation de son père et de se poursuivre par le récit sans fard de son initiation sexuelle et de ses aventures.
L’ensemble a gardé toute sa force, sa nécessité et sa singularité. Et permet de retrouver ou de découvrir les éclairs impudiques d’un homme pressé qui aimait à la fois Duras, Madonna et Bret Easton Ellis. Une météorite qui a indéniablement marqué son époque avec sa vitesse et son audace. Al. F.