Porte-parole s’il en est de la cause féminine, la cofondatrice en 1968 du Mouvement de libération des femmes (MLF), Antoinette Fouque, se confie pendant près d’une heure à la caméra de Julie Bertuccelli pour un numéro d’« Empreintes », Qu’est-ce qu’une femme ?, rediffusé dans le cadre de la journée de la Femme le 8 mars sur France 5 (21 h 30, rediff. le 10 à 7 h 45).
A Marseille puis à Valescure, dans un superbe parc dominant cette Méditerranée qu’elle adore, elle se raconte, images d’archives à l’appui : Paris, son DEA, ses débuts de lectrice au Seuil, la naissance de sa fille ou encore Lacan, « la pensée la plus misogyne de mon point de vue », dans un séminaire d’abord, puis en analyse « pour l’affronter : l’entendre dire il n’y a qu’une libido, elle est phallique, me mettait hors de moi ». Psychanalyste à son tour et déjà très « émue » par les images des premières manifestations des femmes au point d’en faire son credo, elle soutient leurs combats dans le monde depuis plus de quarante ans, qu’il s’agisse d’excision, d’avortement, de violence conjugale, de libre expression ou de création. Cette féministe convaincue ne prône pas la guerre des sexes, mais s’appuie sur une redéfinition du concept d’égalité en se concentrant sur la différence.
En 1973, elle crée à Paris les éditions Des Femmes dans un joli local rue Jacob, avec les « moyens importants » d’une généreuse bienfaitrice, qu’elle présente comme coresponsable de l’espace Des Femmes, ouvert à l’art contemporain : Sylvina Boissonnas, productrice à la fin des années 1960 d’une douzaine de films sous l’étiquette Zanzibar, fille de Sylvie Boissonnas (née Schlumberger), une des grandes bienfaitrices du Centre Pompidou, par ailleurs nièce de Dominique de Menil, l’un des grands mécènes des arts du XXe siècle. Une petite maison « qui n’est pas entrée dans la révolution industrielle d’aujourd’hui », avec environ 600 titres à son catalogue et qui publie encore aujourd’hui une dizaine de livres par an.
Marie-Christine Imbault