11 mai > Roman France > Fabrice Gabriel

De la fin de 1990 au début de 1991, Janvier, un jeune Français de 24 ans, se retrouve envoyé en Tunisie, à Sidi Bouzid, en tant que coopérant. Avec lui, Serge, un aussi jeune professeur de latin-grec, amoureux de Virgile et de Salammbô, mais dont les nerfs, fragiles, ne résisteront pas aux événements, à la pression imposée par la situation internationale. Comment vivre et enseigner dans un pays arabe, même alors plutôt paisible, lorsqu’on est occidental, et que son pays participe à la coalition menée par les Américains, qui s’apprête à attaquer l’Irak, déclencher la première guerre du Golfe, cette erreur historique majeure, ce drame dont nous subissons encore aujourd’hui, chaque jour, les conséquences ? La guerre éclate le 15 janvier 1991, l’armée de Saddam Hussein est écrasée. Fin du premier acte. Il y en aura, on le sait depuis, un second, en 2003, encore plus inique et tragique. Quant à la Tunisie, c’est justement à Sidi Bouzid, fin 2010, que l’immolation d’un jeune prolétaire désespéré déclenchera le premier des "printemps arabes", qui ont contribué à déstabiliser le monde méditerranéen. Il n’y a pas de hasard.

Ce sont toutes ces histoires, toutes ces époques et d’autres, depuis 1291 mais sans ordre chronologique, qui fournissent à Fabrice Gabriel la trame de son roman, peut-être autobiographique. Le reste, la chair - si l’on ose écrire à propos d’un texte aussi cérébral et érudit -, est fait de télescopages, de références récurrentes, à Flaubert, Tintin, Paul Klee, Perec, au jazz, et même à la voix de Manset, chantant Entrez dans le rêve dans les écouteurs d’un vieux walkman. Nostalgie. J.-C. P.

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