Ecoresponsable

« Je ne souhaite pas que mes livres soient fabriqués en Asie, mais je n'ai pas toujours été entendue à ce sujet », regrette Hélène Rajcak, dessinatrice et auteure jeunesse, donc plutôt exposée à cette contrariété, étant donné la proportion d'ouvrages de ce segment dont l'impression est délocalisée. Animée de fermes convictions écologiques, elle tente de privilégier les maisons partageant les mêmes engagements, et se sent bien chez Actes Sud. Tout le monde ne dispose pas de l'influence de J. K. Rowling, à qui aucun éditeur n'avait refusé que le tome 6 de Harry Potter soit imprimé sur du papier recyclé, ou au minimum certifié, en 2005. Au même moment, Greenpeace avait rassemblé quelque 200 auteurs de best-sellers autour de son mouvement « Plumes vertes », demandant du papier certifié pour l'impression de leurs livres.

« Un auteur n'a pas beaucoup de pouvoir de décision, mais il peut quand même se préoccuper de l'impact de ses choix de création en demandant à discuter avec le responsable de la fabrication, qui lui expliquera les implications d'un format, d'un vernis sélectif, d'une finition, et pourra lui proposer diverses solutions », recommande l'auteure de Petites et grandes histoires des animaux disparus (Actes Sud Junior, 2010), un de ses livres les plus « durables », en raison de la longévité des ventes. Ce dialogue n'est pas toujours accepté par l'éditeur, mais il faut au moins le solliciter : « C'est aussi une volonté à développer chez les auteurs », estime-t-elle.

L'intérêt du livre devrait être la première des questions, même si Hélène Rajcak reconnaît que c'est « compliqué », et qu'il n'est pas toujours possible de refuser des projets peu novateurs. D'où sa consternation devant la surproduction et la profusion de livres jetables, qui se vendent mal, dégradent les conditions de vie des auteurs et donc les entraînent dans cette frénésie de nouveautés, ainsi qu'elle l'avait exposé lors d'un débat à la BNF sur le livre et l'environnement. L'écoconception du livre passe donc aussi par un revenu correct pour les auteurs, soutient-elle, pour donner de la valeur à cette production, dans tous les sens du terme.

Se regrouper pour influer

Cyril Dion- Photo OLIVIER DION

C'est un fait que les auteurs, isolés, n'ont que peu de pouvoir sur la politique de fabrication de leurs livres sauf lorsque ce sont de gros vendeurs (ou que leur éditeur a déjà une démarche). Mais les auteurs pourraient peser en se regroupant. Les associations et syndicats d'auteurs pourraient se saisir de la question et élaborer une charte pour leurs livres, notamment avec l'idée que pour chaque arbre coupé, davantage doivent être plantés dans le respect de la diversité des espèces, que le livre doit utiliser des composants chimiques (colles, encres) biodégradables et non polluants, etc. Cyril Dion

01.03 2019

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