Avec six auteures figurant dans la première sélection 2017 du prix Goncourt, on pouvait s’attendre à une parité plus significative en 2018. La liste 2018 compte cinq écrivaines, dont quatre primo-romancières, qui osent aborder les réalités trop souvent passées sous silence de la prostitution (La vérité sort de la bouche du cheval, Meryem Alaoui, Gallimard), du viol (Le malheur du bas, Inès Bayard, Albin Michel), de l’homosexualité féminine (Ça raconte Sarah, Pauline Delabroy-Allard, Minuit), de la violence conjugale (à laquelle est confrontée la jeune héroïne de La vraie vie d’Adeline Dieudonné chez L’Iconoclaste) ou encore de la présence des femmes dans l’Histoire (La révolte de Clara Dupont-Monod retrace le destin d’Aliénor d’Aquitaine chez Stock).
Au-delà d’une proportion féminine très en retrait par rapport à l’ensemble de la rentrée (39% des auteurs de la rentrée sont des femmes selon le décompte de Livres Hebdo), la première sélection du prix Goncourt, qui récompense le "meilleur ouvrage d’imagination paru dans l’année", n’hésite pas à explorer les parutions de "jeunes" écrivains dont l’œuvre éclôt. Aux côtés des 4 primo-romancières figurent les auteurs David Diop (Frère d’âme, Seuil), Guy Boley (Quand Dieu boxait en amateur, Grasset) et Nicolas Mathieu (Leurs enfants après eux, Actes Sud) qui signent chacun leur deuxième roman.
La reconnaissance de nouvelles plumes ne saurait éclipser les noms des écrivains déjà connu du prix: Thomas B. Reverdy, retenu dans la sélection 2015 avec Il était une ville (Flammarion), est à nouveau sélectionné avec L’hiver du mécontentement (Flammarion), tout comme François Vallejo, admis dans les deux premières sélections en 2001 avec Madame Angeloso et finaliste en 2006 avec Ouest, présent dans cette première sélection avec Hôtel Waldheim (Viviane Hamy). Sans compter Daniel Picouly, entre autres ancien directeur du Livre sur la place en 2015, choisi pour Quatre-vingt-dix secondes (Albin Michel).
Globalement, le groupe Madrigall domine cette sélection avec quatre ouvrages.