19 mars > roman France

Née à Angers en 1973, Sarah Streliski avait déjà publié Le pli (Gallimard, 2003) et Accident (Verdier, 2009). Son nouveau roman se révèle un étonnant ballet, une comédie de mœurs d’un genre et d’un ton peu banals. On se familiarisera ici avec plusieurs personnages qui se connaissent et ont affaire les uns avec les autres. D’abord, voici Ruben Marcus. Un homme qu’on dit discret et passif, et dont le vin préféré est le côte-rôtie. Ruben a bien des difficultés pour sortir de chez lui à cause de l’"inouïe distraction" de sa femme, Nancy, qui a une fâcheuse tendance à l’enfermer en emportant ses clés. Si monsieur gagne sa vie en réalisant des tirages photographiques argentiques, madame, "autonome et athée", est infirmière dans un hôpital psychiatrique. Nancy, apprend-on, n’est pas insensible à l’un de ses patients, un certain Adrien Brune, dont pourtant il faut peut-être se méfier.

Une fois libéré de son appartement, Ruben peut rendre visite à son ami Boris, un professeur de 39 ans qui s’est mis en disponibilité afin d’écrire un roman. Roman qui peine grandement à venir sous sa plume alors qu’il a jadis fait paraître un recueil de nouvelles érotiques. Amateur de la gent féminine, Boris fréquente Norma Rotiroti - artiste et photographe dont on vante le calme "lascif et cérébral" -, mais pas uniquement. Il lui arrive également de pratiquer la photographie, mais en dilettante pour sa part, de prendre essentiellement des clichés de femmes nues…

Sarah Streliski séduit avec sa manière insidieuse de tisser sa toile et de faire avancer son intrigue. La romancière utilise au mieux un style acrobatique pour jouer avec les mots et les sensations, les émotions et les sentiments. Al. F.

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