New-Yorkais ayant vécu en Californie, au Texas, au Chili et en Italie avant de poser ses bagages dans le Languedoc, Eric Gethers est un romancier-né, comme l'atteste Les baleines se baignent nues. Son brillant coup d'essai paraît en France avant même les Etats-Unis. Henry, le héros de Gethers, a longtemps entendu dire par son père, Jack, qu'il était un "miracle de Dieu". La vérité est plus complexe. Sa mère, Lillian, est tombée enceinte après sa première expérience sexuelle avec Jack, jeune homme charismatique cherchant à profiter de tout ce que la vie a à offrir.
Henry arrive au monde avec huit semaines d'avance à l'hôpital Florence Nightingale où sa mère meurt en couches. Jack est installé dans une base militaire au Texas. Il convient de préciser qu'il est alors également occupé à lutiner une fille de pasteur, la blonde Peggy, avec des rondeurs "là où il le fallait". Lillian laisse derrière elle un bébé avec de l'hypertension pulmonaire, des accès de fièvre et une dysenterie aiguë. Heureusement, celui-ci est tombé entre de bonnes mains. Celle de Vivienne, infirmière célibataire portée sur la glace à la fraise et les pulls en cachemire.
Jack ne met pas longtemps à voir en elle "une sainte qui mérite la vénération". Difficile de résister à ses petits plats, à ses pâtisseries, sans parler de ses tapisseries en canevas. Vivienne s'occupe d'Henry pendant que Jack, devenu représentant de commerce, vend des aspirateurs en porte-à-porte à des dames très réceptives à son charme. Jusqu'à ses 9 >ans, il reste son héros. Un héros capable de soutenir ensuite à son fiston qu'il ne faut pas laisser passer l'occasion de coucher avec une femme qui a envie de lui, au risque de s'en mordre les doigts.
Eric Gethers marche manifestement dans les pas de John Irving. Ce dont personne ne se plaindra tant il se révèle d'entrée de jeu être un conteur trépidant, ayant l'art des détours narratifs réjouissants.