Le premier prix du livre pour les bébés a été remis à Aurore Petit pour "Eté Pop" (Seuil Jeunesse). - Photo EC
Prix du livre pour les bébés : une première édition agitée
Lancé le 8 septembre dernier par le ministère de la Culture, le prix du livre pour les bébés a récompensé, mercredi 5 novembre, Aurore Petit pour Été Pop (Seuil Jeunesse). La lauréate a reçu sa récompense rue de Valois, lors d'une cérémonie de remise qui n’a pas échappé à une certaine tension, marquée par les débats culturels et politiques qui traversent actuellement le secteur.
C’est un nouveau rendez-vous littéraire pour les tout-petits et leurs parents. Lancé le 8 septembre dernier à l’initiative du ministère de la Culture, afin de « distinguer un ouvrage de littérature jeunesse conçu pour les moins de trois ans », le premier prix du livre pour les bébés a couronné, mercredi 5 novembre, Aurore Petit pour Été Pop paru aux éditions du Seuil Jeunesse.
La lauréate a reçu sa récompense lors d’une cérémonie de remise qui s’est tenue rue de Valois, dans un climat tendu par les enjeux culturels et politiques qui traversent le secteur.
« En cette semaine de rentrée littéraire, nous avons tenu à consacrer ce prix qui récompense les ouvrages lus, manipulés et découverts avec les bébés. Tous ces livres sont les premiers d’une vie. Jusque-là, il existait une multitude de prix, mais rien pour les tout-petits. Or, les travaux récents de nombreux économistes ont montré que l’apprentissage de la lecture avant trois ans est un facteur important dans l’égalité des chances », a introduit la ministre de la Culture, Rachida Dati, peinant à venir à bout de son discours, interrompue par les pleurs des nourrissons présents tout autour d’elle sur l’estrade.
"Eté Pop", Aurore Petit (Seuil Jeunesse)- Photo EC
Pour télécharger ce document, vous devez d'abord acheter l'article correspondant.
« Un prix qui illustre la reconnaissance de la lecture dès le plus jeune âge »
Choisi à partir d’une liste de 20 titres sélectionnés par le Centre national de la littérature pour la jeunesse de la Bibliothèque nationale de France, le livre d’Aurore Petit, qui s’inscrit dans un cycle de quatre livres pop-up au rythme des saisons, a été applaudi pour « sa fraîcheur, son côté sympathique et ludique, ses surprises à chaque page » a argué Soledad Bravi, présidente du jury.
Touchée par cette consécration, la lauréate a salué la création d’un « prix qui illustre la reconnaissance de la lecture dès le plus jeune âge, et la reconnaissance de l’album de littérature jeunesse comme un véritable objet culturel ». Avec Été Pop, ouvrage qu’elle a commencé à concevoir en 2020, l’autrice a expliqué avoir « cherché à faire plaisir avant tout ».
Profitant d’être à la tribune pour s’adresser directement à la ministre, elle l’a appelée à « protéger les artistes-auteurs à l’heure où est discuté le projet de loi de financement de la Sécurité sociale ».« Nous avons besoin de vous pour défendre notre statut, notamment lors de l’article 5 », a-t-elle ajouté, rappelant que l’ex-Agessa, devenue la Sécurité sociale artistes auteurs (SSAA) « a été déclarée inapte » à remplir ses devoirs envers les travailleurs et travailleuses du milieu culturel.
La Sécurité sociale des artistes-auteurs épinglée par la Cour des comptes
Pour télécharger ce document, vous devez d'abord acheter l'article correspondant.
« Les combats, je les porte et je les gagne »
Peu déstabilisée par cette interpellation, Rachida Dati a assuré que, tout en comprenant les inquiétudes exprimées, « le budget du ministère de la Culture pour 2025 n’a pas été réduit, et a même augmenté, en particulier en faveur de la création ». Elle a également énuméré plusieurs de ses actions récentes, rappelant son engagement pour la protection du droit d’auteur à l’ère de l’intelligence artificielle, soulignant avoir « obtenu un volet culturel lors du sommet sur l’IA ».
Elle a aussi rappelé avoir « fait signer une tribune par [ses] homologues européens » afin de réaffirmer l’attachement de 25 États membres de l’Union européenne au modèle culturel européen. S’adressant aux éditeurs présents, la ministre a enfin évoqué le dossier du livre d’occasion, précisant que « les discussions et les débats se poursuivent pour l’encadrer, tout en préservant le secteur solidaire ».
Et de conclure : « À une époque où les collectivités locales se retirent de la culture, l’État est au rendez-vous et beaucoup plus que prévu. La culture est un choix politique, un choix de société. Et les combats, je les porte et je les gagne. »
Le prix du livre pour les bébés s’inscrit dans une politique plus large de promotion de la lecture précoce, inaugurée avec le lancement des États généraux de la lecture pour la jeunesse. Dans ce cadre, le ministère de la Culture avait inauguré, en juillet dernier, le dispositif « Ma première carte de bibliothèque », invitant les municipalités à offrir aux nouveaux-nés une carte de bibliothèque lors de leur déclaration de naissance à l’état civil.
Présidé par l’autrice Soledad Bravi, le jury était composé cette année d’Agnès Bergonzi, Régine Hatchondo, Patricia Humann, Nicole Lambert, Nicole Notat, Eric Osika et de Sylvie Vassallo.
Après le Femina en 1995 et le Renaudot en 2011, Emmanuel Carrère a reçu le prix Médicis pour Kolkhoze avec P.O.L, son éditeur de toujours. Nina Allan (Tristram), Péter Nádas (Noir sur Blanc) et Fabrice Gabriel (Mercure de France) complètent le palmarès.
Sur les écrans cette semaine, des adaptations de La Grande Arche de Laurence Cossé (Gallimard) et un opéra tiré du roman d'Henri Murger, Scène de vie de bohème, tandis qu’Amazon Prime sort une série d'anthologie en 8 épisodes de Fujimoto Tasuki.
Par
Lora Lemaréchal
Abonnez-vous à Livres Hebdo
Accès illimité au site
LH Meilleures Ventes, tous les indicateurs métiers
LH le Magazine, le mensuel
LH Spécial, le thématique
Les bibliographies : Livres du Mois et Livres de la Semaine
Également disponibles sur notre boutique :
Numéros à l'unité, hors-séries, annuaire et planisphère.