Des Naruto à l'entrée, un Géronimo Stilton devant Albin Michel, une Schtroumpfette près de Dupuis, une Blanche-Neige manga chez Pika et puis un Charlie... où déjà ? Plus loin, cartons levés à bout de bras, des adolescents proposent des « free hugs du livre » (câlins gratuits) aux visiteurs, tandis que devant le stand de la Turquie des manifestants réclament la libération de Ragip Zarakolu, le directeur des éditions Belge emprisonné depuis plusieurs mois.
Dans les allées, les visiteurs se bousculent, les gens se promènent avec des sacs pleins et les stands sont engorgés. Il y a eu du monde au Salon du livre ce week-end et les files pour les séances de dédicaces l'ont prouvé : Eric-Emmanuel Schmitt, Katherine Pancol, Amélie Nothomb, Daniel Pennac, Art Spiegelman, Enki Bilal, François Hollande, Nicolas Canteloup... Que ce soit du côté des signatures ou des ventes, le premier bilan est plutôt positif.
Surpris par la fréquentation
Les éditeurs généralistes se disent même plutôt surpris par la fréquentation. Sur le stand d'Albin Michel, Danielle Boespflug s'enthousiasme de voir plus de monde que l'année dernière : « Les gens payent pour entrer dans une librairie, puis pour acheter des livres, c'est merveilleux de voir ça ! » Chez Actes Sud, les ventes du week-end sont stables par rapport à l'an dernier malgré une baisse vendredi (qui avait été très bon l'an dernier grâce à l'invitation des auteurs suédois). Sur le stand, Yoko Ogawa, Russell Banks et Katarina Mazetti (Gaia) font partie des auteurs les plus demandés.
Bénéficiant de l'effet Japon, le manga a explosé. Chez Pika, Laure Peduzzi, responsable du stand, note une meilleure performance par rapport à l'an dernier mais estime que le public est moins varié : « Le salon semble perdre un peu son rôle prescripteur : il y a plus de fans de manga que de nouveaux lecteurs. » Même constat chez Glénat, qui se félicite d'une énorme hausse des ventes manga, notamment grâce au titre Chi, une vie de chat, et ce malgré une superficie moindre qu'en 2011. Du côté de Delcourt, qui regroupe pour la première fois Soleil et Tonkam sur son stand, les ventes sont au-dessus des projections.
Du monde pour les poches
Les éditeurs de poche ont reçu beaucoup de monde, notamment grâce aux dédicaces organisées sur leurs stands, comme c'était notamment le cas dans l'espace du Livre de Poche. Chez J'ai lu, Cassandra O'Donnell, auteure de la trilogie bit-lit Rebecca Kean directement publiée en poche, et Frédéric Mars, écrivain de thriller, ont créé des embouteillages monstres dans les allées.
Le premier jour, vendredi 16 mars, aura été une journée particulièrement faste, avec selon Bertrand Morisset, commissaire général, 25 % de scolaires en plus, mais aussi un public de gros lecteurs. Le chiffre d'affaires réalisé samedi devrait être un peu supérieur à celui de l'année dernière et en tout cas supérieur à celui du dimanche, journée des familles et des badauds, venus voir les humoristes « télévisuels», de Stéphane Guyon à Nicolas Bedos. Une critique cependant : l'élargissement de l'horaire, notamment le vendredi jusqu'à 21 heures, un compromis avec une vraie nocturne, n'a convaincu personne, le salon commençant à se vider à partir de 18 h 30.
Très présents sur le salon, les éditeurs étrangers font un constat plus nuancé. Si les ventes et la fréquentation sont bonnes du côté des pays africains francophones (Bassin du Congo, Guinée et pays du Sud), le bilan est plus mitigé sur les stands du Brésil ou de Buenos Aires.
« Qui va racheter Flammarion ? »
Côté pro, les interrogations tournaient moins autour du numérique que de l'avenir de la librairie, en liaison avec le rapport de la Mission sur l'avenir de la librairie, que le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand devait rendre public ce lundi 19 mars.
« Qui va racheter Flammarion ? » était cependant la question qui revenait en boucle chez tous les professionnels depuis l'officialisation de sa mise en vente vendredi par l'Italien RCS MediaGroup, d'autant que la majorité des grands groupes français se sont portés acquéreurs.