Les initiatives écoresponsables fleurissent dans nombre de bibliothèques, en lien avec le lancement en 2022 de la commission dédiée à l'Association des bibliothécaires de France (ABF). Quelles difficultés peuvent freiner ce -déploiement ?
Les bibliothécaires manquent souvent de moyens. Limiter l'impact environnemental de nos pratiques demande beaucoup d'expérimentations, donc du temps, un budget, des formations. Et les élus ne reconnaissent pas toujours la variété de nos missions et tout ce que les bibliothèques ont réalisé en matière de développement durable. Ce qu'on va faire à l'ABF, c'est cartographier ce que font les bibliothèques et partager les retours d'expérience.
Sur quel point péchez-vous ?
Chez nous, le diagnostic environnemental a pointé la seconde vie des documents. On a donc demandé dans nos marchés publics de moins les plastifier, et aujourd'hui ça commence à entrer dans les mœurs. Les bibliothèques peuvent faire du lobbying auprès des fournisseurs, demander des matériaux moins polluants, et mettre en avant les éditeurs écolos. Je viens aussi de créer un poste de bibliothécaire chargé de la durabilité des collections.
Un frein, c'est que nous faisons partie d'un centre commercial, donc nous ne pouvons pas faire un vrai tri des déchets. Nous voulions aussi un potager, mais comme le jardin -Nelson-Mandela est l'œuvre d'un architecte, nous ne pouvons y toucher. On a finalement récupéré des bacs devant la Canopée (dont il a fallu retrouver la propriété : la mairie du VIIe !) et obtenu un permis de végétaliser.
Vous ne pouvez pas organiser une braderie pour « recycler » vos livres, car cela concurrencerait les bouquinistes du quartier...
La bibliothécaire chargée des échanges avec les libraires avance sur le dossier. Il y a déjà eu cette grosse avancée : déposer nos documents désherbés aux partenaires associatifs du quartier, et non plus faire transporter ces livres en un lieu unique à tout le réseau de bibliothèques de la capitale.
Quels sont vos projets dans la lignée de l'agenda 2030 ?
Les lecteurs ont envie que l'on travaille sur les discriminations hommes-femmes, et nous allons proposer aux personnes qui cherchent un emploi, des prêts de costumes et des ateliers CV. Les maîtres-mots, c'est expérimenter, et évaluer ensuite auprès des usagers si cela correspond à ce qu'ils souhaitent. Mais l'expérimentation doit aller de pair avec une réflexion au niveau national voire européen, pour se donner les moyens d'accompagner la chaîne du livre de demain, notamment sur les questions du développement des livres d'occasion et numériques. F. G.