"Le plan numérique en cours est une aberration, une escroquerie sociale et intellectuelle", affirment Philippe Bihouix et Karine Mauvilly, coauteurs d’un vigoureux "plaidoyer pour une école sans écrans", publié cette semaine au Seuil.

S’appuyant sur son expérience d’ingénieur pour l’un, d’enseignante en histoire-géographie pendant deux ans pour l’autre, ils instruisent uniquement à charge le procès de l’école numérique, qualifiée de "désastre". Rappelant l’historique de multiples et coûteux plans d’équipement à la réussite pédagogique incertaine, ils s’appuient sur le récent rapport Pisa qui constate l’absence d’amélioration des résultats des élèves dans les pays qui ont pourtant beaucoup investi dans le numérique à l’école. "C’est avant tout une bonne maîtrise des fondamentaux qui permet d’être performant dans toutes les matières, y compris en informatique", insistent-ils, en faisant référence à une synthèse de multiples recherches publiée en 2014 chez Retz, plus pratique que polémique (Apprendre avec le numérique : mythes et réalités, Franck Amadieu, André Tricot).

Philippe Bihouix et Karine Mauvilly dénoncent plus largement une société du tout numérique irrationnelle, inégalitaire, polluante, dangereuse pour la santé, dispendieuse, et regrettent que l’école ne soit pas un lieu de résistance. Ils listent dans un dernier chapitre quelques exemples de pédagogie efficace et sans écran, et placent en tête la fréquentation de la bibliothèque de l’école. La virulence du ton devrait leur assurer quelques invitations lors de débats pour porter la contradiction aux promoteurs de ce plan qu’ils rejettent. Leur livre ne sera pas publié en version numérique, ce dont ils remercient leur éditeur.

Le désastre de l’école numérique : plaidoyer pour une école sans écrans de Philippe Bihouix et Karine Mauvilly. Seuil, 17 euros, 240 p. Tirage : 4 000 exemplaires. Parution : 25 août. ISBN : 978-2-02-131918-7.

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