C'est du Delerm. Parmi les trente-cinq textes courts de ce nouveau recueil, l'un s'intitule « C'est du Feydeau », expression communément utilisée pour désigner une situation farfelue, emberlificotée, théâtrale. Philippe Delerm salue ainsi un de ces écrivains dont la gloire est entrée dans la langue, sous forme de phrase ou d'adjectif comme proustien ou kafkaïen. Il est trop modeste pour s'y inclure. Mais, de livre en livre, depuis ses débuts avec Le bonheur, tableaux et bavardages (Le Rocher, 1986), Delerm s'est forgé, plus qu'un style, un genre littéraire à lui et où il excelle : les textes courts, deux pages et demie maximum, dont les meilleurs sont ceux qui traitent de la langue, des mots, de ces expressions qu'on emploie sans y prendre garde et qui en disent long sur l'époque et surtout sur nous. Alors oui, ça, c'est du Delerm.
Le livre s'ouvre par un texte sur « le temps additionnel », dans le sport mais pas seulement, avec citation de Proust (son auteur préféré, à qui il a consacré un livre de morceaux choisis, Proust instantanés, Points, 2022). Le ton est donné, un peu plus grave que d'habitude, l'âge venant. Il y a aussi, en filigrane (chez Delerm, tout est toujours en finesse), des allusions politiques (voir le texte « Alors, elle, je crois qu'elle est pire ! », dont l'on reconnaîtra sans peine la cible), et des textes plus tendres. Comme ce « Regarde ! » où un grand-père se voit accueillir triomphalement par ses deux petits-fils gare Saint-Lazare. Toute ressemblance...
Les gens sont comme ça. Et autres petites phrases métaphysiques
Seuil
Tirage: 40 000 ex.
Prix: 15,50 € 120 p.
ISBN: 9782021468281