Avec son don de percevoir les sentiments dans le goût des plats, l’héroïne d’Aimee Bender entraîne les lecteurs dans une aventure sensible et peu ordinaire.

C’est d’abord le titre qui intrigue. La singulière tristesse du gâteau au citron, de l’Américaine Aimee Bender, a suscité la curiosité des lecteurs. Le livre a bénéficié d’un tirage modeste de 6 000 exemplaires pour sa sortie le 14 février, mais l’enthousiasme de l’hebdomadaire Elle et celui d’Olivia de Lamberterie à « Télématin » (France 2) ont fait si bien qu’il a été épuisé le premier week-end de sa sortie. Les éditions de l’Olivier l’ont réimprimé deux fois depuis à 3 000 exemplaires, et il atteint désormais un tirage total de 12 000, rejoignant le palmarès des meilleures ventes de romans à la 39e place.

« A mi-chemin entre Harry Potter et Le sixième sens », ont titré Les Inrockuptibles. La singulière tristesse du gâteau au citron met en scène Rose, qui mord avec gourmandise dans le gâteau d’anniversaire de ses neuf ans, se rend compte qu’il a le goût du vide et de la tristesse de sa mère, et perçoit l’appel au secours qu’il renferme. « Je savais que si je mangeais un autre de ses plats, la nourriture me renverrait le même message : aide-moi, je suis malheureuse, aide-moi - comme une bouteille à la mer envoyée à chaque repas, et j’avais fini par la trouver », dit-elle. Cette capacité à percevoir les sentiments de la personne qui cuisine l’amène à enquêter sur sa famille et à découvrir que tous ses membres ont un don (odorat surpuissant, capacité de disparaître dans le décor). Le goût de la nourriture, la mélancolie de l’enfance, les secrets de famille qu’on exhume : le registre d’Aimee Bender serait classique si elle n’ajoutait cette touche de fantastique qui plonge le lecteur dans un univers décalé à la façon d’un Wes Anderson, le réalisateur de Moonrise Kingdom. Mais La singulière tristesse du gâteau au citron est aussi un roman d’apprentissage, qui traite du passage de l’enfance à l’âge adulte, du moment où l’on prend conscience de la réalité et où on s’en accommode (Rose dissimule son don, se gavant de produits industriels), avant de choisir son destin. Avec ce quatrième livre d’Aimee Bender, les lecteurs français découvrent incontestablement une auteure d’une grande sensibilité, et cette nouvelle génération de romanciers de la côte Ouest, empreints de ce que les critiques appellent le « réalisme magique ». <

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