On peut parier que ce sera l’un des succès de l’été : 7 années de bonheur, de l’auteur israélien Etgar Keret, traduit de l’anglais par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso, fait son entrée dans le palmarès des essais à la 21e place. Publié à L’Olivier le 2 mai avec un premier tirage de 7 000 exemplaires, il a été réimprimé deux fois, atteint un tirage de 11 000 et s’envole avec 1 000 réassorts en début de semaine. Le livre a bénéficié d’une couverture presse exceptionnelle (interview dans Libération, portrait dans Le Monde, etc.), relayée par les radios (dont "Le masque et la plume" sur France Inter). Il a été salué par des chroniqueurs enthousiastes. Le bouche-à-oreille a fait le reste.

Etgar Keret, 46 ans, est écrivain, scénariste de BD et cinéaste. Actes Sud a traduit cinq recueils de nouvelles depuis La colo de Kneller en 2001, et Albin Michel Jeunesse a publié un album, Fou de cirque, en 2005. Il est aussi le réalisateur, avec sa femme Shira Geffen, du film Les méduses, caméra d’or au Festival de Cannes 2007. Entièrement autobiographique, 7 années de bonheur rassemble de courts textes. L’auteur s’y met en scène, avec son fils Lev et ses raisonnements implacables, sa femme et leurs discussions, son frère aîné et son engagement politique (il vit en Thaïlande "sans clim ni chasse d’eau dans les toilettes"), sa sœur devenue orthodoxe et ses onze enfants dont il oublie les noms, et ses parents, rescapés de la Shoah. Il raconte aussi les affres de l’écrivain en tournée dont l’avion est complet, qui reçoit une gifle pour une dédicace loufoque, ou se sent humilié au cours d’une lecture par des écrivains débutants.

7 années de bonheur est un livre plein d’autodérision et à l’humour ravageur. Etgar Keret dessine en creux la vie quotidienne à Tel-Aviv et un pays en guerre, où les journalistes, en plein attentat, recherchent le témoignage d’un écrivain, où les chauffeurs de taxi sont des fous furieux, où les mères s’interrogent depuis la naissance de leurs enfants pour savoir s’ils iront à l’armée, et dans lequel Keret et sa femme décident de ne plus faire la vaisselle puisqu’une bombe iranienne va tomber. En bref, il peint un monde absurde que seul l’humour permet d’affronter.